Les religions au microscope : vérité ou illusion ?


Les religions, l’un des plus anciens phénomènes humains, se sont présentées comme des instruments pour appréhender l’inconnu, cimenter la cohésion sociale et répondre aux questions fondamentales de l’existence. Confronté à la peur de la mort, au vide spirituel et au besoin d’expliquer le monde, l’être humain a forgé des récits qui furent ensuite sacralisés. Mais, si l’on considère ces croyances d’un regard plus précis, leurs contradictions, leur fragilité et, souvent, leur caractère fabriqué apparaissent au grand jour. Parmi les questions saillantes figurent la notion de Dieu et les prétentions des prophètes qui, pour beaucoup, ne seraient rien d’autre que le produit de l’imagination humaine. Le présent texte, d’un point de vue critique, examine les contradictions et l’artificialité du fait religieux et de la divinité.

Aperçu succinct et thématique des contradictions religieuses

Les religions, bien qu’issues de contextes et de cultures divergents, prétendent toutes fournir des réponses aux questions essentielles de l’humanité — prétentions escortées de contradictions majeures. Celles-ci révèlent que les croyances religieuses ne reposent pas sur une vérité objective, mais sur des narrations humaines façonnées, le plus souvent, pour répondre aux besoins sociaux et culturels de leur temps.

Judaïsme : la contradiction entre Dieu vengeur et Dieu miséricordieux

Le judaïsme, l’une des plus anciennes religions monothéistes, présente Dieu comme tout-puissant, omniscient et juste. Or les récits de la Bible hébraïque exposent des contradictions dans ses attributs et ses actes :

  • Dieu vengeur vs Dieu bienveillant : dans l’Ancien Testament, Dieu inflige parfois des châtiments implacables — destruction des peuples cananéens, déluge de Noé — tandis qu’ailleurs il se montre clément, allant jusqu’à pardonner de grandes fautes.

  • Le peuple élu : l’affirmation selon laquelle les enfants d’Israël seraient le « peuple élu » de Dieu contredit l’idée d’une justice divine égalitaire. Elle a aussi nourri des pensées de supériorité, source de nombreux conflits sociaux et culturels à travers l’histoire.

Christianisme : la contradiction au cœur de la Trinité

Le christianisme affirme l’unicité de Dieu tout en professant la foi en trois « personnes » en Dieu — le Père, le Fils (Jésus-Christ) et le Saint-Esprit. Sur le plan philosophique et logique, ce mystère trinitaire est l’une de ses plus grandes apories :

  • Unité et tri-unité : comment Dieu peut-il être unique tout en comportant trois personnes ? Si ces personnes sont distinctes, la foi n’est plus strictement monothéiste ; si elles ne font qu’Un, pourquoi les présenter sous trois formes ?

  • Double nature du Christ : Jésus serait à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Or un être qui éprouve faim, douleur et mort peut-il, dans le même temps, être tout-puissant et sans besoin ?

  • Péché originel et salut : tous naîtraient pécheurs à cause de la faute d’Adam et Ève et ne seraient sauvés que par le sacrifice du Christ. Une telle doctrine questionne la justice divine : la faute et la peine ne devraient-elles pas dépendre des actes individuels plutôt que d’une culpabilité héréditaire ?

Hindouisme : la contradiction entre unité et multiplicité du divin

L’hindouisme, l’une des plus anciennes religions polythéistes, présente un panthéon foisonnant de dieux aux rôles et aux attributs variés, tout en soutenant, dans nombre de textes, que tous ne sont que des manifestations d’une unique réalité (Brahman). Cette position engendre plusieurs paradoxes :

  • Polythéisme ou monothéisme ? : si tous les dieux ne sont que des émanations d’un seul, pourquoi des récits distincts, des attributs contradictoires et des rivalités entre divinités ?

  • Karma et délivrance : la loi du karma et le cycle des renaissances posent un problème de justice. Si l’on expie, dans une vie ultérieure, les fautes d’une vie passée, où se situe la justice individuelle ? Un tel système de « peine différée » met à mal l’idée d’une responsabilité personnelle immédiate.

Bouddhisme : la contradiction entre nihilisme supposé et quête spirituelle

Le bouddhisme, parfois perçu comme une philosophie, propose des enseignements complexes sur la souffrance, l’impermanence et les moyens d’échapper au cycle des renaissances. Mais des tensions apparaissent :

  • Négation d’un soi permanent et transmigration : si, selon la doctrine de l’« anatta » (non-soi), il n’existe pas d’âme ou d’essence durable, qu’est-ce qui transmigre d’une existence à l’autre ?

  • Voie octuple et liberté : la voie de la libération implique souvent ascèse et renoncement. Comment ce dépouillement radical s’articule-t-il avec l’idée de liberté et d’épanouissement individuels ?

Commencer par « témoigner » : une contradiction à la base de l’islam

En islam, la porte d’entrée de la foi est la double attestation : « Ashhadu an lâ ilâha illa-llâh wa ashhadu anna Muhammadan rasûl Allâh ». Formellement simple, cette profession pose une question de fond. « Témoigner » suppose, en langage humain, attester de ce que l’on a vu, entendu ou expérimenté. Or, dans ce cas, l’on demande au croyant d’attester l’inexistence de toute divinité autre qu’Allah et la mission de Muhammad sans expérience directe : Allah n’a pas été vu, et nul, pas même le fidèle, n’a assisté à une quelconque relation tangible entre Allah et Muhammad. Le témoignage se réduit à la répétition d’un enseignement reçu, non à la constatation d’un fait.

Le paradoxe s’amplifie si l’on considère que Muhammad lui-même n’a pas revendiqué avoir vu Allah : il évoque la révélation par l’ange Gabriel, mais ne fournit aucune preuve sensible d’un face-à-face divin. Comment, dès lors, exiger des fidèles une attestation d’un événement que même le prophète ne dit pas avoir vécu sous forme de vision directe ?

De surcroît, cette double attestation conditionne tous les actes cultuels : sans elle, pas de prière, de jeûne, d’aumône valides. Autrement dit, l’islam érige tout son édifice sur une formule détachée d’une « vérité objective » vérifiable. Au plan moral aussi, la difficulté est réelle : pourquoi demander de « témoigner » d’une chose que l’on ne peut ni confirmer ni infirmer par soi-même ? L’adhésion devient alors, parfois, affaire de contrainte sociale, culturelle ou juridique plutôt que de conviction intime.

Contradictions dans l’islam (au-delà de la double attestation)

L’islam, grande religion monothéiste, transforme en profondeur les structures sociales, politiques et juridiques des sociétés où il s’impose. Cette portée, conjuguée aux contradictions décelables dans ses textes, doctrines et pratiques, en fait un terrain central d’analyse. Par familiarité intime avec ses enseignements et sa présence au quotidien, l’examen qui suit s’attarde sur quelques tensions majeures, au-delà du témoignage initial.

1. Décret divin et libre arbitre

Le Coran insiste sur la responsabilité humaine (« Nulle contrainte en religion »), tout en affirmant ailleurs que tout survient par la volonté d’Allah (« Vous ne voulez que ce qu’Allah veut »). Si la volonté divine prévaut en tout, comment l’homme peut-il être tenu pleinement responsable de ses actes ?

2. Justice divine et lois inéquitables

Dieu est dit parfaitement juste, mais plusieurs prescriptions juridiques posent problème :

  • Inégalités de genre : témoignage de deux femmes pour un homme, part successorale féminine réduite, etc.

  • Esclavage : l’institution est reconnue et encadrée, ce qui heurte l’idée d’une justice absolument miséricordieuse.

  • Peines corporelles : amputation, lapidation, flagellation s’accordent mal avec une conception de la justice fondée sur la dignité humaine.

3. Miséricorde et châtiment éternel

Le Coran présente Dieu comme « Clément et Miséricordieux », tout en promettant un châtiment éternel en enfer pour les pécheurs et les mécréants. Comment concilier la miséricorde infinie avec une peine infinie infligée pour des fautes finies dans le temps ? Qu’en est-il, de surcroît, des personnes qui, pour des raisons géographiques ou culturelles, n’ont jamais eu l’occasion de connaître l’islam ?

4. Abrogation des versets (naskh)

Le « naskh » — certains versets remplaçant ou abrogeant d’autres — soulève une question : si le Coran est parole immuable d’un Dieu omniscient, pourquoi des prescriptions initiales (souvent plus conciliantes, comme « pas de contrainte en religion ») sont-elles supplantées par des versets ultérieurs plus belliqueux (« Tuez-les où que vous les trouviez ») ?

5. Création du monde et de l’homme

Des divergences apparaissent : création en six jours, ailleurs mention de « deux jours » pour la terre, etc. Ces dissonances alimentent le doute sur la cohérence interne d’un texte prétendument parfait.

6. Science dans le Coran : affirmations discutables

On avance parfois que le Coran anticipe des vérités scientifiques. Or, bien des passages résistent mal à l’examen :

  • Origine de l’homme : absence de référence à l’évolution, l’homme étant décrit comme créé « d’une essence d’argile ».

  • Mouvement du soleil : le texte évoque une « course » du soleil vers un « gîte » qui cadre mal avec l’astronomie moderne (même si l’on tente des lectures métaphoriques).

7. Conduite du Prophète et éthique

Le Prophète est présenté comme modèle parfait, mais certains épisodes questionnent :

  • Mariage avec Aïcha : l’union avec une enfant très jeune choque les normes éthiques contemporaines.

  • Guerres et butins : participation aux combats et répartition des prises — consonant-elles avec l’image d’un messager de paix ?

  • Polygynie : possibilité pour lui d’un nombre d’épouses supérieur à la limite imposée aux autres fidèles.

8. Multiplicité des écoles et divergences d’interprétation

Si l’islam est vérité une, pourquoi tant de divergences doctrinales et juridiques ?

  • Sunnisme / chiisme : deux pôles majeurs, des différences profondes en dogme et en droit.

  • Variété des interprétations : au sein même du sunnisme et du chiisme, une mosaïque d’avis juridiques souvent contradictoires.

9. Femmes et droits

Des droits existent, mais des tensions demeurent :

  • Voile : prescription coranique interprétée de manière très variable selon les cultures. Si la règle est d’origine divine, pourquoi tant d’applications divergentes ?

  • Divorce : procédure plus aisée pour l’homme que pour la femme ; la symétrie de la justice est-elle respectée ?

10. Au-delà : l’au-delà

Le Coran décrit paradis et enfer, souvent en termes matériels :

  • Corporalité des délices et des peines : nourritures, jardins, compagnons ; supplices physiques en enfer. S’agit-il d’images ou de réalités littérales ?

  • Itération des récompenses : pourquoi les promesses du paradis semblent-elles si étroitement calquées sur des besoins terrestres ?

… Et l’on pourrait poursuivre cette énumération par des milliers d’autres contradictions, au-delà de la patience du lecteur.

Pourquoi les êtres humains ont-ils créé Dieu ?

Dieu, notion cardinale des religions, s’est formé dès l’origine comme une réponse aux peurs, aux insécurités et aux inconnues humaines. Face à la mort, aux calamités naturelles et aux mystères cosmiques, l’homme primitif, pour comprendre et domestiquer le monde qui l’entourait, s’est tourné vers l’invention des dieux. Ce concept, quoique d’une influence profonde sur la civilisation et la culture, apparaît, de toute évidence, comme une construction humaine dont les racines plongent dans les besoins et les limites de notre pensée.

À l’ère pré-scientifique, lorsque l’homme ne pouvait saisir les causes naturelles des tempêtes, séismes ou éclipses, il recourait à des forces supranaturelles. Peu à peu, surgirent des dieux spécialisés : dieu de la pluie, du soleil, de la guerre, etc. Plus tard, à mesure que les sociétés se complexifiaient, ces panthéons furent unifiés dans les religions abrahamiques sous la figure d’un Dieu unique.

Mais si ce concept relevait d’une vérité objective, pourquoi les définitions et les attributs de Dieu diffèrent-ils à ce point d’une culture et d’une religion à l’autre ? Le Dieu unique des religions abrahamiques, le dieu courroucé des mythes grecs, ou les divinités animistes des religions autochtones ne sont-ils pas, chacun, le reflet des besoins et des limites de ceux qui les ont conçus ?

Dans les monothéismes, Dieu est décrit comme omniscient, omnipotent et souverainement bon. Or, juxtaposés, ces attributs révèlent d’évidentes contradictions :

  • Le mal et la souffrance : si Dieu est à la fois tout-puissant et absolument bon, pourquoi le mal et la douleur existent-ils ? Comment concilier guerres, maladies et catastrophes naturelles avec la bienveillance supposée divine ?

  • Liberté humaine et science absolue de Dieu : si Dieu sait tout d’avance, l’homme est-il réellement libre ? Comment admettre simultanément un libre arbitre intégral et une prescience totale de l’avenir ?

Ces paradoxes suggèrent que les attributs divins reflètent davantage des idéaux et imaginations humaines qu’une réalité surnaturelle.

Si Dieu était une réalité objective et universelle, ses traits devraient être constants d’une culture à l’autre. Or, la diversité marquée des conceptions divines atteste de leur fabrication mentale :

  • Religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam) : Dieu unique, tout-puissant, porteur d’exigences morales.

  • Mythologie grecque : des dieux aux passions humaines, traversés de contradictions.

  • Religions autochtones : des divinités liées à la nature, aux pouvoirs circonscrits et localisés.

Chaque civilisation a donc façonné ses dieux selon ses besoins culturels, sociaux et psychologiques.

Du point de vue scientifique, l’existence de Dieu demeure une hypothèse sans preuve expérimentale ni démonstration logique recevable. La science repose sur l’observation, l’expérience et la prédiction : aucun de ces procédés ne permet ni de prouver ni d’infirmer l’existence d’un être supranaturel. Dieu relève, dès lors, moins d’une vérité scientifique que d’une notion philosophique et psychologique.

Sur le plan philosophique, nombre de penseurs ont relevé contradictions et fragilités logiques des arguments en faveur de Dieu :

  • L’argument du mal : si Dieu est souverainement bon, d’où vient le mal ?

  • L’argument du dessein : si le monde requiert un créateur, qui a créé le Créateur ?

Dieu apparaît ainsi moins comme une réalité objective que comme un miroir des limites humaines face à l’inconnu. La variété des définitions du divin, les paradoxes logiques attachés à ses attributs et l’absence de preuves empiriques indiquent que ce concept fonctionne surtout comme outil psychologique et social plutôt que comme donnée irréfragable. La suite de cette analyse portera sur les prétentions prophétiques et le rôle des prophètes dans la diffusion de ces notions.

Prophètes : meneurs ou victimes ?

À travers l’histoire, les prophètes ont été présentés comme médiateurs entre l’homme et Dieu. Se disant dépositaires de messages divins, ils parvinrent, pour beaucoup, à transformer leurs sociétés et à imprimer une marque profonde aux cultures et religions. Mais furent-ils réellement envoyés par Dieu, ou bien des leaders ayant tiré parti des conditions sociales et psychiques de leur époque ? Ou encore des victimes, emportées par des pressions psychologiques et sociales au point de croire à leur propre mission ? Ce chapitre explore deux faces : celle du prophète en tant que chef, et celle du prophète en tant que possible victime des circonstances.

Les prophètes comme leaders sociaux

Nombre d’entre eux surgirent en périodes de crise morale, sociale ou politique. Leur émergence répondait souvent à un besoin collectif :

  • Instaurer ordre et unité : là où faisait défaut la cohésion, ils proposaient lois et normes religieuses pour structurer la communauté.Moïse : avec le Décalogue, il guida les enfants d’Israël de la servitude vers une identité commune et une indépendance morale.Muhammad : par la charia et la constitution d’une umma, il unifia des tribus arabes jusque-là dispersées.

  • Rassembler et gouverner : figures charismatiques, ils surent attirer des fidèles dévoués. Leur message, souvent simple, exerçait un puissant effet psychologique et social.Jésus : sa prédication d’amour et de pardon séduisit un peuple juif las de la rigueur pharisienne, suscitant un vaste élan populaire.

  • Exploiter le contexte historique : en périodes de détresse économique, culturelle ou politique, certains surent s’ériger en sauveurs, répondant aux attentes des masses.

Les prophètes comme victimes de pressions psychiques et sociales

Inversement, on peut voir en eux des êtres vulnérables, soumis à des contraintes psychologiques, sociales, voire physiologiques, les ayant conduits à croire en leur mission.

  • Hallucinations auditives et visuelles : nombre de prophètes relatent rêves, visions, voix interprétés comme messages divins. La psychologie contemporaine y voit parfois des hallucinations ou des phénomènes neuro-physiologiques.Muhammad : son expérience à Hira — sueurs, tremblements, pesanteur — évoque, aux yeux de certains cliniciens, des crises proches de formes d’épilepsie ou de troubles neuro-psychiques.Moïse : la vision de Dieu dans le buisson ardent pourrait être lue comme épisode visionnaire à forte charge psychique.

  • Troubles psychiques : certains prophètes auraient pu souffrir d’affections altérant perception et croyance.Jésus : la revendication d’une filiation divine a été interprétée par quelques analystes comme un possible symptôme de mégalomanie (lecture évidemment controversée).Muhammad : la conviction inébranlable de sa mission a parfois été rapprochée, par ses critiques, de tableaux schizophréniques (hypothèse elle aussi débattue).

  • Pressions sociales : dans des mondes avides de libérateurs, l’attente collective put pousser certains à se vivre comme « choisis ».Jésus : sous domination romaine, le désir d’un messie délivrant de l’oppression a pu nourrir la conscience de son rôle.

Une autre hypothèse veut que certains aient consciemment usé de la revendication prophétique pour accélérer des objectifs politiques ou sociaux :

  • Muhammad : des critiques avancent qu’il sut convertir l’aura prophétique en autorité politique, édifiant une communauté guerrière victorieuse.

  • Moïse : l’Exode et la marche vers la Terre promise peuvent se lire comme la fondation d’une identité nationale et politique sous bannière religieuse.

En définitive, les prophètes furent à la fois des meneurs ardents et des êtres pris dans les tenailles psychiques et sociales de leur temps. Leur rôle fut complexe et multiforme : créateurs de grandes mutations, mais aussi miroirs des fragilités et besoins humains. Pour les fidèles, la prophétie signe un lien avec Dieu ; pour d’autres, elle reflète d’abord conditions sociales, culturelles et psychologiques. Cette tension — leaders ou victimes — demeure l’une des clés du puzzle religieux et exige une investigation à la fois plus fine et plus large.

Conclusion

Les religions, malgré l’empreinte qu’elles ont laissée sur l’histoire, la culture et la société, restent le miroir des besoins, des peurs et des limites intellectuelles des humains à travers les âges. Les récits de dieux et de prophètes — parfois inspirants, parfois édifiants — renvoient, au bout du compte, davantage à l’esprit humain et à ses contextes sociaux qu’à une vérité objective.

Les contradictions manifestes des textes sacrés, les prétentions problématiques des prophètes et la variabilité des définitions de Dieu d’une tradition à l’autre indiquent que les religions furent, plus souvent qu’autrement, des réponses aux déficits psychiques et intellectuels d’une époque, plutôt que des voies d’accès à une vérité universelle.

Cela n’implique pas d’effacer l’histoire ni d’ignorer le rôle des religions. Les étudier — en dévoiler tensions et paradoxes —, c’est se donner la chance de se libérer d’adhésions irrationnelles, d’aiguiser la pensée et d’ouvrir des chemins neufs vers la connaissance.

La leçon majeure tient peut-être à ceci : la vérité ne se gagne ni par ressassement des antiques doctrines ni par acquiescement aveugle. Elle s’éprouve comme un voyage — qui exige liberté d’esprit, questionnement continu et courage d’affronter l’inconnu.

Au bout du compte, l’émancipation intellectuelle et la délivrance des croyances imposées constituent une voie que chacun doit tracer pour soi. Dieu, la religion, les prophètes — et jusqu’à la « vérité » elle-même — ne prennent sens que si la liberté, la raison et la reconnaissance de nos limites les accompagnent.

Ce chemin, ardu parfois, solitaire souvent, est peut-être l’unique voie menant à une vie pleinement signifiante et à la découverte d’une vérité au-delà des fables.

Ehsan Tarinia – Luxembourg
Écrit le 28 janvier 2025