Gardiens de la Révolution et Bassidj : du pillage de l’économie à l’exportation de la violence et du mercenariat


La République islamique d’Iran, dès son avènement, au lieu d’assurer le bien-être et la sécurité du peuple, a édifié une architecture militaro-sécuritaire dont la finalité première est la perpétuation de la domination cléricale et la survie du système de la velayat-e faqih (souveraineté absolue du juriste-théologien). Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI/IRGC) et la milice du Bassidj, deux bras essentiels de cet édifice, servent d’outils à la fois de répression intérieure et de projection extérieure par procuration ; ils ont joué un rôle cardinal dans la consolidation de la tyrannie religieuse. Le présent texte, en analysant la structure, le fonctionnement et les missions du CGRI et du Bassidj, montre que ces institutions agissent à rebours de l’intérêt national, qu’elles constituent la cause majeure de l’affaiblissement de la démocratie, de l’écrasement des libertés civiques, et de l’exportation de la violence et du terrorisme islamiste du vali-e faqih dans la région et au-delà. Étayée par des sources et données reconnues, cette étude met en lumière la nature terroriste de ces deux appareils et détaille leurs effets délétères sur l’Iran comme sur la communauté internationale.

CGRI et Bassidj : instruments d’un despotisme religieux et vecteurs d’un terrorisme d’État

Créé en 1979 sur ordre de Rouhollah Khomeiny, le CGRI s’est promptement mué en institution tentaculaire, investissant les domaines militaire, économique et renseignement. Le Bassidj, fondé en 1980 pour enrôler des « forces populaires » au service de la défense du régime, s’est très vite transformé en milice idéologique paramilitaire, chargée de réprimer l’opposition. À la différence d’armées nationales dont la mission est la protection du pays face aux menaces extérieures, CGRI et Bassidj sont des forces idéologiques dont l’objectif prioritaire est la sauvegarde du pouvoir islamique, non l’intérêt national.

Nous examinerons d’abord leur structure et leur rôle dans la politique intérieure iranienne ; puis nous évaluerons leurs missions extraterritoriales dans la région et le monde ; enfin, à la lumière de preuves documentées, nous établirons en quoi ces deux entités répondent à la définition de groupes terroristes.

1. CGRI et Bassidj : une menace pour le peuple et pour l’intérêt national

Une nature idéologique et une fonction interne de coercition

Dans le cadre d’une théocratie, CGRI et Bassidj remplissent une fonction double : protéger la dictature religieuse et écraser les libertés publiques. La Force al-Qods, branche externe du CGRI, conduit les opérations transnationales ; le Bassidj, maillé dans villes et villages, assure le contrôle social et la répression du quotidien.

Les écrasements des soulèvements de 2009, 2017-2018, 2019 et 2022 en donnent l’illustration la plus flagrante. Les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch décrivent l’usage systématique de la violence létale contre des manifestants, les arrestations massives, la torture et des exécutions extrajudiciaires imputables au CGRI et au Bassidj.

Hégémonie économique et corruption systémique

Le CGRI n’est pas seulement une force armée : c’est un empire économique, dominant des secteurs clés tels que le pétrole, la pétrochimie, la banque, les travaux publics, les télécommunications et les mines. D’après le Service de recherche du Congrès américain, le CGRI, via des conglomérats para-étatiques comme le Quartier général Khatam-al-Anbiya et la Fondation de coopération du CGRI, capte une part majeure des grands marchés publics.

Cette emprise nourrit rentes, monopoles et corruption, et détourne les ressources nationales vers le financement de milices mandataires et l’expansion idéologique du régime dans la région. Le prix payé par la société : pauvreté endémique, inflation aiguë, exode des talents.

2. Exportation de l’idéologie islamiste et opérations terroristes transnationales

Extension d’influence par l’appui aux groupes armés

Le CGRI—en particulier la Force al-Qods—soutient financièrement et militairement des groupes tels que le Hamas, le Hezbollah libanais, les Houthis au Yémen, les Unités de mobilisation populaire en Irak, et diverses formations supplétives en Syrie et en Afghanistan, contribuant à l’instabilité régionale.

  • Liban : le Hezbollah, sous tutelle iranienne depuis les années 1980, est l’outil privilégié de la stratégie du CGRI, tant sur le théâtre syrien que dans la confrontation avec Israël.

  • Irak : après 2003, l’Irak est devenu champ d’expansion de la Force al-Qods, via la structuration et le soutien de milices chiites (Hachd al-Chaabi, Kataeb Hezbollah, Asaïb Ahl al-Haq…).

  • Yémen : pays fragile politiquement et économiquement, il a servi de tremplin à l’influence iranienne. Les Houthis, appuyés par Téhéran et le CGRI, menacent la sécurité régionale, notamment contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

  • Palestine : afin de se légitimer dans le monde musulman, le régime soutient des groupes armés comme le Hamas et le Jihad islamique, au nom d’une « résistance » instrumentalisée—soutien assuré, là encore, par la Force al-Qods.

L’envoi d’agents d’infiltration pour briser l’unité de l’opposition

L’une des armes les plus efficaces du régime pour neutraliser l’opposition est l’infiltration méthodique—en Iran comme à l’étranger—conduite par le CGRI et le ministère du Renseignement. Par l’envoi d’agents, l’ingénierie des divisions internes, la création de faux collectifs et la pression ciblée sur militants et médias, le pouvoir sème la discorde et sabote toute convergence. Surtout depuis les grandes vagues protestataires, des investissements massifs ont été consentis dans la guerre informationnelle pour désorganiser les oppositions exilées, placer des taupes dans les cénacles décisionnels, torpiller les initiatives d’unité et discréditer les figures influentes.

Agents « sous couverture » : militants, journalistes, défenseurs des droits humains

Des opérateurs de sécurité sont déployés comme « activistes » ou « journalistes » au sein des groupes politiques et des médias persanophones hors d’Iran, afin de :

  • collecter des renseignements sur les structures, réseaux et stratégies ;

  • gagner la confiance des figures de proue et influer sur les choix ;

  • orienter le récit médiatique vers la division et l’évitement des enjeux centraux.

Certains médias persanophones, critiques en apparence, fonctionnent de facto comme instruments de gestion de l’opinion par des relais d’influence : altération des nouvelles, occultation des dossiers sensibles, attisement des querelles oppositionnelles.

Entretenir la discorde et la fragmentation

Par rumeurs, fake news et personnalisation des clivages (républicains contre monarchistes, gauche contre nationaux), l’appareil d’influence du CGRI exacerbe les schismes, délégitime des personnalités et sabote les tentatives de front commun.

Fabriquer de « faux opposants »

Des entités politiques factices—contrôlées ou stériles—sont créées pour :

  • capter et neutraliser les nouveaux venus ;

  • multiplier de pseudo-ONG « droits humains » ou « diaspora » afin de saucissonner le corps social iranien à l’étranger ;

  • imposer des narratifs dévoyés et court-circuiter les voies efficaces de lutte ;

  • identifier et exposer les opposants authentiques.

Achat, chantage et menaces

Le régime use de la carotte et du bâton :

  • pression sur les familles restées en Iran ;

  • avantages matériels ou sécuritaires offerts en échange d’un ralliement ;

  • menaces, campagnes de calomnie et violence pour intimider au silence.

3. Pourquoi le CGRI et le Bassidj relèvent-ils de la qualification « terroriste » ?

Au regard de la définition internationale—usage de la violence contre des civils pour des fins politiques ou idéologiques—CGRI et Bassidj s’y conforment manifestement. Parmi les éléments saillants :

  • répression létale et massive des manifestations intérieures (Amnesty International, rapport 2023) ;

  • ingérences armées et financement de groupes terroristes régionaux (Département d’État américain, 2019) ;

  • assassinats ciblés d’opposants à l’étranger (affaire du restaurant Mykonos, affaire Mansour Arbabsiar) ;

  • soutien à des projets terroristes en Europe et aux États-Unis (arrestations d’agents liés au CGRI en Allemagne, en France, au Luxembourg).

En 2019, les États-Unis ont inscrit le CGRI sur la liste des organisations terroristes. Plusieurs pays européens étudient la même mesure.

En guise de conclusion : CGRI et Bassidj, menace pour l’Iran et pour le monde

Le CGRI et le Bassidj ne sont pas des remparts de la sécurité nationale : ce sont les bras d’une autocratie idéologique et totalisante, qui ne survit que par la violence, l’étouffement intérieur et l’interventionnisme régional. Au lieu de protéger les frontières de l’Iran, ils étendent les frontières de la peur ; au lieu de préserver les richesses du pays, ils les dilapident, précipitant la nation dans la misère, la corruption et l’isolement.

Aucune machinerie de répression n’est éternelle. L’histoire enseigne que les pouvoirs fondés sur la terreur finissent par céder sous la volonté des peuples. Ni le CGRI ni le Bassidj ne viendront à bout de l’élan de liberté des Iraniens : la liberté est une force indomptable, et la nation qui se lève pour la justice finit tôt ou tard par reprendre son destin en main.

Aujourd’hui, grâce à la lucidité et à la résistance de la société, à l’attention croissante des démocraties et à la mise à nu du rôle nocif du CGRI et du Bassidj dans la répression et l’exportation du terrorisme, les conditions du changement n’ont jamais été aussi réunies. Les sanctions internationales visant ces appareils, la pression intérieure et l’essor des mouvements citoyens témoignent d’un crépuscule du despotisme religieux en Iran.

L’Iran de demain ne sera pas un pays enchaîné, mais une terre libre, prospère et démocratique ; un pays où les ressources nationales ne financeront plus des guerres par procuration et la répression, mais la prospérité, le progrès et la liberté. L’aube de ce jour n’est pas un songe : c’est une destinée inéluctable, que l’intelligence, la volonté et la constance du peuple d’Iran accompliront.

Ehsan Tarinia – Luxembourg
Écrit le 9 février 2025