Ni cette guerre n’est la nôtre, ni cet ennemi le nôtre : l’heure est venue de reprendre notre Iran


La trahison de 1979 : le point de départ de la chute

Plus de quatre décennies se sont écoulées depuis la trahison de 1979, catastrophe qui a précipité l’Iran hors de son orbite de progrès pour l’entraîner dans le gouffre de la réaction. En cet hiver funeste, un pays riche d’un héritage millénaire fut livré à une cohorte d’obscurantistes qui hissèrent l’étendard de l’islam politique sur les minarets et reléguèrent « l’Iran » à la périphérie de l’Histoire. Ce qui, à l’apparence, s’annonçait comme une révolution sous le signe de la liberté, de la justice et de l’indépendance se transforma très vite en une machine de répression, de misère, de superstition et de ruine.

L’aboutissement de cette trahison fut la prise de pouvoir par une caste qui ne connaît pas l’Iran, ne l’aime pas, ne lui accorde aucune valeur. Ce qui prit le nom de « République islamique » ne fut en vérité qu’une théocratie chiite, sacrifiant délibérément la nation à l’« oumma », et la patrie à des chimères sans racines dans le sol iranien ni dans le cœur du peuple.

Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, les Iraniens n’ont connu ni liberté, ni répit, ni respect. Tout a été confisqué : la terre, le pétrole, la culture, la fierté nationale. Et désormais, en 2025, ce même régime antinational nous a entraînés dans une guerre qui n’est pas la nôtre, et dont nous ne tirons aucun bénéfice.

La République islamique : un pouvoir qui se nourrit de guerre

À l’aube d’un vendredi, Israël a infligé de lourdes frappes aux infrastructures militaires et nucléaires iraniennes : une riposte à des années de menaces, de provocations et d’exportation de crises par la République islamique. Mais cette guerre est, de toute évidence, un conflit entre « États », non entre peuples.

Cette guerre n’est pas menée pour l’Iran, ni à cause de l’Iran. Elle sert la survie d’un régime à l’agonie, qui voit dans l’embrasement la seule voie de salut.

Pour comprendre pourquoi l’affrontement entre l’Iran et Israël a éclaté, il faut saisir la nature même de la République islamique. Comme elle est née dans la crise, elle ne vit que de crise. Sa légitimité ne vient pas du suffrage mais du sang des « martyrs », non du bien-être mais de la fabrication d’ennemis, non de la loi mais de la baïonnette.

Dans cette logique de pouvoir, la guerre est un instrument : détourner l’attention de l’opinion, écraser les voix dissidentes, diaboliser les esprits libres, prolonger artificiellement l’existence d’un régime qui a depuis longtemps perdu toute légitimité intérieure. La guerre actuelle avec Israël éclate précisément au moment d’un effondrement économique, d’une succession de soulèvements populaires, d’un isolement international et d’une crise de légitimité.

Ni notre guerre, ni notre ennemi

Contrairement au récit officiel de la République islamique, le peuple iranien ne nourrit aucune inimitié envers le peuple d’Israël. C’est une réalité palpable dans les rues, dans l’espace numérique, dans les échanges entre migrants iraniens et Israéliens : les Iraniens n’ont pas pour ennemi Israël, mais bien les dirigeants qui ont pris l’Iran en otage.

Le slogan « Ni Gaza, ni le Liban, je donnerai ma vie pour l’Iran » n’exprime pas de l’indifférence, mais un patriotisme ardent. Un peuple dont on a réduit la table depuis quarante ans pour expédier des missiles au Hezbollah refuse désormais de se laisser enrôler dans une guerre qui ne lui apporte rien.

Une guerre pour le turban, non pour le drapeau

Les bombardements israéliens des installations militaires de la République islamique apparaissent, en surface, comme une atteinte à la souveraineté nationale. Mais si l’on regarde de plus près, ce pouvoir est le même qui a sacrifié, à maintes reprises, les intérêts nationaux sur l’autel de sa propre sécurité. De l’écrasement des soulèvements populaires à la braderie des ressources du pays à la Chine et à la Russie, la République islamique n’a jamais rendu de comptes à la nation.

Et voici qu’aujourd’hui, ce même régime fait du peuple son bouclier humain. Installations nucléaires clandestines, bases militaires incrustées dans les villes, diplomatie opaque et mépris des intérêts populaires : tout cela a mené à une catastrophe—une guerre dont le peuple paie le prix, sans jamais l’avoir choisie.

Un moment historique pour se lever

Au cœur de ce tumulte surgit une occasion historique, peut-être la dernière depuis des décennies. Engluée dans la crise et accaparée par la guerre, la République islamique se trouve dans l’état de vulnérabilité le plus extrême de son existence. Et c’est précisément l’instant où, de l’intérieur, peut être porté le coup décisif.

Il est temps pour la désobéissance :

  • Les employés dont le travail alimente l’appareil du régime doivent refuser de se rendre sur leur lieu de travail.

  • Les ouvriers des industries militaires et de renseignement doivent révéler les informations, localiser les véhicules et centres logistiques du régime.

  • Les soldats et militaires doivent, une fois pour toutes, protéger le peuple et non un régime qui les réduit à des instruments de répression.

  • Les patriotes qui connaissent l’emplacement des véhicules, camions ou dépôts du régime doivent les identifier et les exposer, non pour le régime, mais contre lui.

Cette terre est l’Iran, non la caserne de Khamenei. Ce peuple est l’héritier de Cyrus, non le disciple de terroristes tels que Qassem Soleimani.

La désobéissance civile : un devoir national

Ce moment n’est pas seulement une insurrection politique, c’est un devoir moral et patriotique. Face à un pouvoir qui sacrifie la nation à sa survie, le silence équivaut à la complicité.

La désobéissance civile—paralyser les artères vitales du régime sans violence, organiser les quartiers, refuser toute coopération avec les Gardiens de la révolution et les Bassidj, quitter les emplois qui nourrissent la machine du pouvoir, soutenir les forces populaires et éprises de liberté—voilà les instruments capables d’accélérer l’effondrement du régime dans les jours à venir.

L’armée iranienne : cette fois, soyez avec le peuple

L’armée iranienne demeure, dans la mémoire collective, comme une force nationale. À l’opposé des Gardiens de la révolution, devenus bras armé de la répression, du commerce et du terrorisme, l’armée conserve encore la possibilité de se réhabiliter.

Le moment est venu pour elle de se dissocier définitivement du régime et de se ranger aux côtés du peuple. Officiers intègres, jeunes soldats, personnels courageux : si vous ne vous tenez pas avec la nation aujourd’hui, comment le peuple pourra-t-il croire qu’une part de la puissance militaire du pays reste fidèle à l’Iran et non à la République islamique ?

Dès aujourd’hui, dès cette heure, l’Histoire attend votre décision.

Le prix du sang pour la liberté

Nulle révolution ne se fait sans sang. Nulle liberté n’est gratuite. Les décombres des bâtiments bombardés à Ispahan et Téhéran sont des plaies béantes sur le corps de la nation. Mais faut-il que ces blessures demeurent sans guérison pour que le Guide Suprême prépare déjà le prochain missile ?

Non. Aujourd’hui, précisément aujourd’hui, est l’heure du passage : du peur à l’espérance, du silence au cri, de l’endurance à la révolte.

La République islamique lutte pour sa survie. L’Europe est saisie de stupeur. Israël est en alerte. Les États-Unis sont dans l’hésitation. Ce vide, si le peuple le remplit de sa voix, le monde entier l’entendra.

Oui, nulle révolution ne s’accomplit sans coût. Crier dans la rue, affronter la répression, désobéir, dénoncer, résister, tout cela comporte des risques. Mais si nous n’agissons pas aujourd’hui, il n’y aura pas de demain.

N’est-il pas temps que nous nous sacrifiions pour l’Iran, et non pour la République islamique ?

Iraniens de la diaspora, soyez la voix de l’Iran dans le monde

En ces instants historiques, où la terre natale est mise à feu et à sang, le regard de la nation se tourne aussi au-delà des frontières. Iraniens en exil, déracinés, enfants de l’exil : l’heure est venue pour vous.

Vous qui avez étudié dans les universités d’Occident, respiré l’air des médias libres, et vu comment le monde sait tirer l’édification du cœur même des ruines — il vous revient d’être la voix d’un peuple réduit au silence en Iran.

Personne ne vous demande de descendre dans la rue et d’offrir votre poitrine aux balles ; on vous demande de réécrire le récit. Attirez à vous les médias internationaux, secouez l’indifférence des organisations de défense des droits humains, et contraignez les députés des parlements européens, américains, canadiens et australiens à prendre position officiellement.

Ce que vous pouvez faire

  • Campagnes numériques : lancer des tendances ciblées sur les réseaux sociaux mondiaux, en anglais, en français, en allemand et en hébreu, pour contrer la propagande du régime.

  • Manifestations devant les ambassades et les instances internationales : votre présence physique est l’emblème du cri étouffé de ceux qui sont restés au pays.

  • Courriers officiels aux membres des chambres basses et hautes : argumentez par la violation des droits humains, la corruption structurelle et les menaces régionales que représente la République islamique.

  • Organisation de rassemblements et de tables rondes : la diaspora iranienne peut jouer un rôle décisif dans l’orientation de l’opinion publique.

Vous vivez dans un monde où l’internet est libre, où les imprimeries ne sont pas censurées, et où l’on n’emprisonne pas pour avoir dit la vérité. Ce privilège n’est pas fait pour le silence, mais pour le cri.

Si, aujourd’hui, vous qui êtes libres, vous vous taisez, que peut-on attendre de ceux qui sont enchaînés ? Si, aujourd’hui, vous n’agissez pas pour l’Iran, demain il n’y aura plus d’Iran où revenir.

Et vous, Iraniens « multicolores » : marchands d’empathie et faux apôtres de la paix

Ces jours où le peuple iranien brûle dans l’incendie d’une guerre qu’il n’a pas voulue, on entend des voix, au-delà des frontières, qui, avec un ton suave et un visage inquiet, invoquent une « compassion pour toutes les parties » — de Gaza à Tel-Aviv, de Téhéran à Haïfa. Ce sont ces Iraniens aux mille couleurs : gens de circonstance qui changent d’avis au gré des vents politiques.

Cette cohorte a vécu des années dans le mutisme face aux crimes de la République islamique ; mais voici qu’au feu de la guerre, elle se découvre subitement « pacifiste ». Ceux-là mêmes qui, hier, gardèrent le silence devant la pendaison de jeunes dans les rues d’Iran, brandissent aujourd’hui les étendards de la compassion pour Gaza et Israël, sans oser désigner la racine du conflit : le régime de la République islamique et ses supplétifs dans la région.

Cette guerre, Israël l’a-t-il déclenchée ? Non. Elle a commencé avec l’attaque de roquettes du Hamas en octobre dernier, financée et armée par la République islamique. Le Hamas est le bras exécutif de Khamenei dans la région — non le défenseur du peuple palestinien. Attentats suicides, tirs de roquettes sur des villes, prises d’otages parmi les civils… autant d’outils qui ne servent pas la liberté de la Palestine, mais la fabrication de crises par le régime de Téhéran.

Et maintenant, la République islamique voudrait, à coups de larmes feintes, inverser le récit de la guerre. Elle voudrait étouffer ses « Mort à Israël » sous le voile d’un « Nous sommes contre la guerre ». Elle voudrait nommer « sionistes » les manifestants iraniens et se travestir en « défenseur des opprimés ».

La réalité est autre : cette guerre est l’occasion dont la nation iranienne doit se saisir pour renverser le régime. Les prêches pacifistes qui, au lieu de dévoiler la tyrannie, indiquent de fausses cibles, ne sont que propagande gouvernementale sous le masque des droits humains.

Ceux qui, aujourd’hui, clament « compassion pour toutes les parties » mais n’ont toujours pas su dire « À bas la République islamique » mentent. Ceux qui pleurent pour les enfants de Gaza mais oublient les enfants de Zahedan et de Sanandaj participent à la machinerie de la justification. Ceux qui murmurent « la paix pour tous » sans nommer l’assaillant sont les virtuoses du pain quotidien.

Peuple d’Iran, sois vigilant. N’écoute pas la voix de ceux qui, au nom de la paix, veulent passer sous silence ton sang versé. La paix sans justice et sans courage n’est que capitulation. La paix véritable commence le jour où le régime belliciste de Téhéran est chassé de la scène.

La fin de la République islamique, le recommencement de l’Iran

Le régime est au bord de l’effondrement — non sous l’effet de la pression extérieure, mais par pourrissement interne. La guerre actuelle a pulvérisé les derniers bastions d’une légitimité mensongère.

À présent, le peuple peut accomplir ce que les générations avant nous n’ont pu mener à terme : une révolution sans promesses de paradis, mais avec l’idéal d’Iran ; non pour Dieu, mais pour la terre ; non au nom de l’oumma, mais au nom de la nation.

Nation iranienne, lève-toi. L’heure est venue de reprendre notre pays. Du nuage de fumée et de poussière, des décombres et des cris, des cendres de la trahison de 1979, un Iran nouveau doit s’élever.

Ehsan Tarinia — Luxembourg
Écrit le 15 juin 2025