Alors que la majorité des jeunes Iraniens en Europe aspirent à la liberté, à la dignité humaine et à la reconstruction d’un Iran affranchi, une minorité restreinte mais organisée d’éléments du régime — déjà apparus par le passé sous le masque d’activistes civiques ou de prétendus « alliés du peuple » — a, dans le contexte de la guerre entre l’Iran et Israël, ôté le masque et exploite aujourd’hui les mots sacrés de patrie, de nation et d’indépendance pour orienter l’opinion des étudiants iraniens en faveur du régime.
Certains de ces individus, impliqués dès l’origine dans la fondation d’une association estudiantine au Luxembourg, ont sciemment et méthodiquement pénétré le tissu académique. Leur mission n’est pas la défense des droits du peuple iranien, mais l’ingénierie de la pensée de la diaspora. L’un des visages connus de ce courant est un personnage qui, longtemps après la fin officielle de ses études, continue de hanter les cercles étudiants, et dont le rôle dès l’origine visait moins à apprendre qu’à implanter un dispositif à long terme. Ces acteurs, par des outils psychologiques, une rhétorique émotionnelle et une narration médiatique subtile, s’emploient à transférer la responsabilité des crises intérieures et extérieures du régime vers « l’ennemi extérieur ».
La guerre récente entre la République islamique et Israël a offert une occasion idéale de révéler leur véritable visage. Alors que la grande majorité des Iraniens libres, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, considèrent ce conflit comme un projet dangereux et imposé par le régime clérical, ce groupe restreint de « militants étudiants » s’efforce, à travers manifestations, rassemblements, déclarations et incitations à l’hostilité contre Israël, de présenter la République islamique en victime et Israël en agresseur.
La vérité est claire : cette guerre n’est pas la nôtre. Le peuple iranien n’a jamais souhaité un tel affrontement. Ceux qui, à Téhéran, Tabriz ou Ispahan, ont crié « Ni Gaza, ni le Liban » crient aujourd’hui encore « Ni Natanz, ni Fordo – ma vie pour l’Iran ». La guerre du régime contre Israël n’est qu’une extension de sa politique de crise permanente. Un régime qui ne se définit que par la menace et la fabrication d’ennemis. L’architecte de cette conflagration n’est nul autre que la République islamique elle-même : quarante années de slogans « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël », de financement et d’armement de groupes supplétifs, transformant le Moyen-Orient en théâtre de guerres confessionnelles. Le feu qu’ils ont allumé ailleurs s’est désormais retourné contre eux : la mort frappe à leur propre porte.
Ces agents de l’ombre, vêtus du manteau du pseudo-nationalisme, habillent leurs discours de mots pompeux sur l’indépendance et le « droit de l’Iran ». Par un langage sucré, usant de mots-clés tels que « anti-impérialisme », « colonialisme culturel » et « défense légitime », ils tentent de faire croire que la République islamique défend la dignité nationale. En réalité, ce régime n’a laissé derrière lui que des ressources réduites en cendres, des générations sacrifiées à la guerre et la ruine de la réputation historique de l’Iran dans le monde.
Comment peut-on invoquer le nationalisme et défendre un régime dont les généraux des Gardiens de la Révolution admettent ouvertement que leur mission est l’expansion du « croissant chiite » ? Comment parler de liberté et de dignité tout en défendant un pouvoir qui réprime militants civils, femmes sans voile, écrivains, enseignants et ouvriers ? Quelle contradiction que celle de l’étudiant iranien en Europe qui, jouissant de la liberté et de la prospérité de l’Occident, bat la coulpe pour un régime qui filtre l’internet, coupe les télécommunications, brise les plumes et répond aux cris de liberté par les balles !
Le plus dangereux n’est pas la présence visible de bassidjis exilés ou de partisans affichés du régime, mais bien l’infiltration sournoise de ceux qui, sous le masque de la démocratie, dans la posture d’une opposition conditionnelle, empoisonnent la pensée de la communauté iranienne. Inquiétant est aussi le phénomène de ceux qui, avec un dossier de réfugié politique, entrent en Europe en tant que « victimes » du régime et, une fois à l’abri, deviennent les instruments de propagande du pouvoir qu’ils prétendaient fuir. Cette métamorphose pernicieuse ternit la crédibilité des véritables réfugiés et détruit la confiance dans les causes humaines. Ces individus n’ont jamais été aux côtés du peuple, et lorsqu’il leur convient, sèment la division et attisent les conflits entre migrants. Ceux-là mêmes qui accompagnaient le mouvement « Femme, Vie, Liberté » tant que cela servait leur propagande, mais qui, au moment de dénoncer la nature inhumaine du régime, se sont tus, voire ont pris position.
Ces individus, qui se réclament de l’humanité mais servent en réalité la propagande du régime, doivent comprendre que la communauté iranienne à l’étranger n’est plus dupe. Le peuple d’Iran ne croit plus depuis longtemps ni au régime terroriste des mollahs, ni aux groupes de gauche communiste, ni aux Moudjahidines du peuple. Tous trois ne sont que des visages différents d’une même maladie historique : la trahison de l’Iran.
Alors que plus que jamais nous avons besoin d’unité et de coopération dans la diaspora, ces agents sèment la méfiance et alimentent des récits falsifiés qui servent les desseins du régime. Conscients que le slogan « Mort au dictateur » ne suffit plus, ils tentent par des subtilités lexicales et des postures pseudo-critiques de redonner une légitimité idéologique à la République islamique.
Aujourd’hui nous faisons face à deux dangers : un régime criminel à l’intérieur et un réseau intelligent de ses agents à l’extérieur. L’un prend les vies, l’autre les esprits. Et parfois, le second danger s’avère plus mortel que le premier.
Exprimer une inquiétude sincère pour les civils, les enfants sans abri, les familles endeuillées est légitime. Mais lorsque cette compassion devient l’alibi pour condamner la résistance, taire les crimes ou blanchir les structures de répression, l’inquiétude est de mise.
De même, il ne faut pas museler la colère légitime du peuple iranien face à ce régime. Soutenir les soulèvements, la désobéissance, voire les réactions politiques ou militaires contre la République islamique ne signifie pas nécessairement « soutenir la guerre » ; c’est parfois l’unique voie pour mettre fin à une guerre unilatérale imposée depuis des décennies au peuple iranien.
Ce que les Iraniens attendent aujourd’hui, ce ne sont pas des slogans creux lancés depuis le confort européen, mais la reconnaissance des causes véritables, la solidarité avec la nation et la protection de sa voix contre les manipulations opportunistes. La paix, sans justice et sans reddition des responsables de la guerre, n’est qu’une extension du silence et de l’oppression.
Défendons l’humanité contre l’instrumentalisation des souffrances — non par émotion, mais par lucidité et courage.
Ainsi, notre devoir, à nous nationalistes conscients, esprits libres et adversaires de toute tyrannie et théocratie, est de dévoiler ces infiltrés trompeurs. Il faut confondre ceux qui ont exploité le sang de Mahsa pour bâtir des récits fallacieux. Il faut veiller à ce que les universités et espaces intellectuels en Europe ne deviennent pas de nouvelles forteresses du régime.
Il est temps d’abandonner l’illusion d’un nationalisme factice pour revenir au nationalisme véritable : fondé sur la dignité humaine, la liberté de pensée, la justice sociale et le rejet total de la République islamique. Nous ne croyons ni aux guerres par procuration du régime, ni à la trahison en habit d’étudiant. Nous n’avons qu’un seul vœu : un Iran libre, laïque et moderne, sans mollahs, sans Gardiens de la Révolution, sans conspirations ourdies dans les arrière-salles étudiantes du Luxembourg.
L’Iran sera libre. Et ce jour-là, il n’y aura plus de place pour les menteurs, les masqués et les pseudo-étudiants de la sécurité.
Ehsan Tarinia – Luxembourg
Écrit le 21 juin 2025