L’Iran dans le tourbillon des crises : récit d’un peuple pris dans l’ombre de la tyrannie

Préambule

L’Iran n’est pas une terre sèche ; c’est une terre administrée par une gouvernance desséchée. Ce plateau qui, des siècles durant, sut bâtir une grande civilisation grâce aux qanats, au partage équitable de l’eau, à une culture maîtrisée d’un climat aride ou semi-aride, se trouve aujourd’hui livré à un pouvoir qui ne connaît ni le climat ni ne tient compte de son peuple. Si autrefois les Iraniens, avec le kârîz, l’ombre et une architecture ingénieuse, faisaient naître la vie au cœur du désert, aujourd’hui, malgré des milliards de dollars issus du pétrole et du gaz, les habitants sont abandonnés à l’obscurité, à la soif et aux coupures d’électricité.

La République islamique a montré, en quatre décennies, qu’elle ne perçoit les crises que lorsqu’elles deviennent une menace contre sa propre survie et sa sécurité. L’eau et l’électricité, qui devraient constituer les colonnes de la vie nationale, ne sont pour ce régime que des instruments de rente, des accessoires de propagande électorale ou des leviers de répression. Le résultat est limpide : affaissement des sols, assèchement des rivières, longues pannes, hôpitaux hors service, échoppes ruinées, et un peuple qui, été comme hiver, guette l’horloge avec angoisse pour savoir à quelle heure s’éteindront les lampes ou quand les robinets cesseront de couler. Cet article tente de peindre, sans fard et avec minutie, le visage présent de l’Iran, du cœur de ses crises et au fil de ses contradictions historiques.

Chapitre I – Eau, énergie et électricité : autopsie d’un effondrement programmé

La crise de l’eau : la soif d’un peuple sous l’ombre du cléricalisme

L’eau est l’essence même de la vie ; elle fonde et défait les civilisations. En Iran, pays qui survécut des siècles grâce aux qanats et au partage équitable des ressources hydriques, la soif d’aujourd’hui ne descend pas d’un ciel avare, mais de la sottise et de la corruption des gouvernants. La République islamique a conduit un pays où ses ingénieurs faisaient jaillir l’eau du cœur du désert jusqu’au point où l’on fait désormais la queue pour un camion-citerne, et où les paysans pleurent dans leurs champs crevassés.

Barrages meurtriers

Pendant quatre décennies, les dirigeants ont érigé le barrage en symbole du « progrès ». Chaque ministre de l’Énergie, pour présenter un bilan flatteur, a construit des dizaines d’ouvrages improvisés : des barrages qui non seulement ont tari les fleuves, mais ont anéanti marais et zones humides, et renversé des écosystèmes. Le Zâyandeh-Roud, jadis joyau d’Ispahan et artère de son agriculture, n’est plus qu’un lit sec, abreuvé au compte-gouttes les jours de mise en scène. Rien là de scientifique ni de durable : ce furent des projets de rente, conçus pour engraisser les entrepreneurs affiliés aux Gardiens de la révolution et aux institutions du régime.

Transferts d’eau aveugles

L’idée des transferts interbassins est devenue en Iran un outil politicien. Pour satisfaire des clientèles, les gouvernements ont détourné l’eau d’une province vers une autre, sans considération pour les capacités écologiques ou les droits d’eau historiques. Ainsi, le Lorestan et le Tchaharmâl-o-Bakhtiâri se sont asséchés pour que l’Ispahan et Yazd érigent des aciéries ; le Khouzestan s’est englouti dans la pauvreté et les poussières pour que son eau alimente des industries de rente au désert. Cette politique aveugle a monté les populations les unes contre les autres et attisé les crises sociales.

Une agriculture à rebours du climat

L’agriculture iranienne a été sacrifiée par des choix publics insensés. Au lieu de corriger les assolements et d’adapter les cultures au climat aride, l’État a contraint des terres assoiffées à produire des denrées dévoreuses d’eau. Sur le plateau iranien, on a planté du riz et de la canne à sucre — des cultures qui exigent, au kilo, des dizaines de litres d’eau. Les bénéfices de cette aberration ont rempli les poches des intermédiaires et des entités liées au pouvoir, tandis que les petits paysans s’endettaient et restaient seuls sur des sols épuisés.

Villes : eau douteuse, coupures sans préavis

Dans nombre de villes, ce qui jaillit des robinets n’est plus potable : saumâtre ou boueux, ou si surchloré qu’il empeste la piscine. Des réseaux vétustes laissent s’évaporer des volumes immenses. Dans les métropoles, on achète des bouteilles ou des filtres domestiques ; dans les quartiers pauvres, on attend, bidons en main, devant les camions-citernes. Les coupures d’eau sans avertissement ajoutent l’humiliation à la paralysie du quotidien.

La soif « sécurisée »

Et lorsque les gens protestent ? La République islamique répond par la matraque et la balle. Les agriculteurs de l’est d’Ispahan, qui ne réclamaient que le cours vivant du Zâyandeh-Roud, ont été réprimés et arrêtés. Au Khouzestan, des assoiffés, sous plus de 50 degrés, criant « Nous voulons de l’eau », ont reçu les tirs des Pasdarans et des Bassidji. En cette terre, même « le droit de boire » est devenu affaire de sécurité d’État.

Subsidence : la terre qui meurt

Le pompage excessif des nappes, sans gestion durable, a fait de l’Iran un pays d’affaissements. De larges portions d’Ispahan, de Kerman, de Yazd et de Téhéran s’enfoncent de plusieurs centimètres par an. La subsidence, c’est la mort du sol : la perte irréversible de sa capacité de vie. Mais le pouvoir s’étourdit dans ses projets de vitrine, sans voir que la terre se dérobe sous les pieds du peuple.

La crise de l’énergie : une richesse devenue malédiction

L’Iran repose sur une mer de pétrole et de gaz — deuxièmes réserves gazières du monde, quatrièmes réserves pétrolières. Pourtant, ses propriétaires, les Iraniens, n’ont ni la chaleur de l’hiver ni la fraîcheur de l’été. Cette contradiction suffit à condamner la République islamique : tandis que des milliards provenant des hydrocarbures gorgent les mafias du régime ou alimentent ses guerres et ses lubies idéologiques, le peuple se débat dans l’obscurité et le froid.

Économie subventionnée et gaspillage

Des subventions aveugles et le populisme ont rendu l’énergie artificiellement « bon marché ». Cette fausse bon marché a profité non aux pauvres, mais aux riches et aux industries de rente. Résultat : usines vétustes et gloutonnes, bâtiments sans normes, automobiles médiocres et voraces, logements dont chaque mètre carré consomme plusieurs fois la moyenne mondiale. Cette économie malade a brûlé l’énergie et laissé au peuple des factures lourdes et des coupures répétées.

Le secteur électrique : mourir dans la nuit

Les centrales sont majoritairement anciennes et usées ; leur rendement est inférieur à celui de bien des pays de la région. Les barrages asséchés ne servent plus ; les centrales à gaz s’arrêtent faute de combustible ; l’hiver venu, au lieu de planifier, on bascule au mazout : le ciel noircit, les poumons s’emplissent de fumées toxiques.
Le réseau de transport électrique est à l’avenant : des pertes allant jusqu’à 15 % dans certaines zones — là où, dans les pays avancés, on reste sous les 5 %. Les budgets de rénovation se perdent dans les poches des entrepreneurs du sérail ; des chantiers inachevés, des inaugurations sur papier.

Coupures ravageuses

Les délestages de trois à six heures en été paralysent la vie. Sous 45 à 50 degrés, sans climatisation ni réfrigérateur, on s’évente à la main. Cardiaques et insuffisants respiratoires, personnes âgées isolées, enfants fiévreux — tous payent l’obscurité.
À l’hôpital, l’oxygénothérapie s’arrête, les vaccins se gâtent dans les congélateurs, les opérations sont reportées. Les groupes électrogènes sont épuisés ; leur carburant, rare et cher.
Les petits métiers encaissent le choc :

  • L’épicier jette laitages et viandes avariés.

  • Le glacier voit fondre sa production, chaque nuit.

  • L’imprimeur et l’atelier de soudure perdent des commandes inachevées.

  • Les start-up, privées d’électricité et d’internet, perdent leurs bases de données et leurs clients.

Ce ne sont pas des chiffres sur un tableau : c’est la souffrance concrète du quotidien.

Hiver sans gaz

Assis sur des réserves géantes, l’Iran manque de gaz chaque hiver : l’industrie s’arrête, les foyers perdent la chaleur. Les petites et moyennes entreprises reçoivent l’ordre de couper ; les centrales repassent au mazout ; l’air devient mortel.

Renouvelables sacrifiées à la corruption

Pays de soleil et de vent, l’Iran pouvait devenir un pôle d’énergie propre. Des investisseurs privés ont été attirés par de fausses promesses, puis étouffés par des arriérés et des contrats instables. Des parcs solaires et éoliens fermés ou à moitié tournants. Car, en Iran, les choix énergétiques ne répondent pas à l’avenir, mais au profit immédiat des Pasdarans et des clans du pouvoir.

Protests « sécurisées » contre les coupures

Que les gens s’insurgent contre l’électricité capricieuse, et la réponse redevient matraque et balle. Ouvriers et commerçants, ruinés par les pannes, s’ils parlent, sont accusés d’« atteinte à l’ordre public ».

La vérité tue

La crise énergétique n’est pas une question technique, mais politique. Nul pays ainsi doté ne devrait être sans courant ni gaz. Mais la République islamique, par sa corruption structurelle et sa priorité donnée à sa survie, a fait de l’énergie un outil de pression et de répression. Dans l’Iran d’aujourd’hui, chaque « watt » et chaque « mètre cube » portent une charge politique ; et tant que ce pouvoir restera, la crise perdurera.

Corruption systémique et mafia de l’eau et de l’énergie : quand les Pasdarans dînent à la table du peuple

L’autopsie des crises de l’eau et de l’électricité mène toujours à la même racine : la corruption structurelle. Ce désastre n’est ni l’effet d’une sécheresse, ni l’addition de quelques erreurs économiques : c’est la conséquence directe de la mainmise d’une mafia d’État sur les artères vitales du pays. À son sommet, les Gardiens de la révolution et les institutions liées au « Bureau du Guide » : ceux qui se disent « défenseurs du peuple » et se révèlent ennemis de sa vie et de son bien-être.

Barrages et chantiers de rente : accaparement au nom du développement

Depuis quarante ans, on construit des barrages non pour abreuver le peuple, mais pour faire tourner la roue de la rente. Le principal entrepreneur : le QG Khatam-ol-Anbia des Pasdarans, qui avale des contrats milliardaires sans appel d’offres et livre des ouvrages inachevés ou surfacturés. Des barrages sans études ont desséché zones humides et fleuves, avant de devenir eux-mêmes inutiles. Des paysans sans eau, des villages vidés, et le capital national qui file dans les poches des « nôtres ». Là où le « spectacle et la rente » ont supplanté le « besoin réel du peuple ».

Électricité : un banquet pour les entreprises inféodées

Même scénario pour l’électricité. Les grands contrats de centrales et de réseaux reviennent à des sociétés liées aux Pasdarans et aux organes du pouvoir. On importe du matériel médiocre, on bâcle, on encaisse. Résultat : un réseau exténué, des centrales au piètre rendement, un peuple à la chandelle.
Même les renouvelables ont été capturées : les investisseurs sérieux évincés au profit de coquilles des Pasdarans. On a érigé quelques parcs solaires « pour la photo », puis on les a abandonnés. Le peuple, lui, demeure dans le noir.

Subventions : l’outil de la rente

La politique des subventions énergétiques a profité surtout aux industries et entités liées au régime. Sidérurgie et pétrochimie — souvent propriétés des Pasdarans ou des fondations — engloutissent l’énergie subventionnée, engrangent des profits et exportent au prix mondial. Pour la population : coupures, pollution et factures.

Mafia de l’eau : des champs à la bouteille

La corruption ne s’arrête pas aux barrages et aux centrales. Dans l’eau urbaine, même emprise : des responsables publics sont en même temps propriétaires d’eaux minérales et entrepreneurs de réseaux d’adduction. Plus la crise s’aggrave, plus la bouteille rapporte. À l’aval, on achète cher ce qui devrait être un droit élémentaire.

Les Pasdarans, moteur de la catastrophe écologique

Extraction minière forcenée, industries lourdes plantées en zones arides, détournement de rivières vers des projets « maison », et répression de toute contestation : les Pasdarans ne sont pas seulement profiteurs, ils sont agents du désastre. Le paysan qui bloque un camion d’eau, l’expert indépendant qui alerte sur la subsidence, sont réduits au silence.

Un peuple qui paie deux fois

Le peuple iranien règle la note à double titre :

  1. Par son argent, quand impôts et richesses financent des chantiers de rente ;

  2. Par sa vie, quand ces chantiers enfantent sécheresse, obscurité et air irrespirable.
    La République islamique est un système de distribution de rentes déguisé en État. L’État iranien d’aujourd’hui n’administre pas les biens communs : il en est l’ennemi immédiat.

Chapitre II – Misère économique et mise à sac du capital national

L’Iran est devenu la scène d’un pillage historique sans fin : une terre qui devrait être un paradis de production et de bien-être a été jetée en enfer de pauvreté et de ruine. Ce qui fonctionne sous le nom de « République islamique » n’est pas une économie nationale, mais une économie mafioso-cléricale : une table dressée sur le sang et la peine, autour de laquelle s’installent, voraces, voleurs et prêtres.

Économie de rente : la carte sombre de la domination

L’économie iranienne a renoncé à la logique de production et de marché ; elle tourne en orbite autour de la rente. Des fondations comme Mostazafan et Astan-e Qods, charitables en façade, sont de véritables empires. Les Pasdarans, bras militaire-économique du régime, avalent tous les grands projets sans appel d’offres ni transparence. Les sociétés écrans des Pasdarans et des organes du « Guide », telle une pieuvre noire, enserrent toutes les branches de l’économie.
Dans cet enfer, l’entrepreneur authentique et le privé indépendant ne croissent pas : ils sont détruits. Il faut graisser, traverser un labyrinthe de licences véreuses, et finir par perdre face aux institutions du pouvoir. Cette économie de rente ne crée pas de richesse : elle dévore les ressources et n’en laisse que des cendres.

Le rial, monnaie déchue

Le rial n’est plus monnaie, mais papier sans crédit qui chute chaque jour. Autrefois, une famille moyenne pouvait, en quelques années, épargner pour un logement ; aujourd’hui, pour beaucoup, acheter quelques kilos de viande et de fruits relève du cauchemar. L’effondrement de la monnaie signe l’effondrement de la confiance — envers un État qui jette la richesse du pays dans des aventures idéologiques au Liban, en Syrie, au Yémen et à Gaza, tandis que les Iraniens sont humiliés dans les files de poulet et de pain.
Cette chute n’est pas tombée du ciel ni seulement le produit des sanctions : elle résulte de quarante ans d’inepties politiques, de rapine organisée et d’un mépris complet pour le bien-être public.

Sanctions : un poignard plongé dans une plaie de corruption

Les sanctions internationales sont douloureuses, mais elles ne sont pas la cause. Si l’Iran s’est embourbé, c’est par l’obstination des dirigeants à poursuivre la bombe et la course aux missiles. Les sanctions ont offert le prétexte idéal : les mêmes clans ont accaparé contrebande et commerce noir, amassant des milliards.
Pour le peuple, sanctions riment avec médicaments hors de prix, tables vides, enfants jouant avec la vie malade de leur mère. Pour la mafia du pouvoir, elles sont manne : banques contournées, marché noir des devises, pétrole vendu dans l’ombre, comptes secrets à Dubaï et en Turquie. Les sanctions ont apporté la pauvreté au peuple et la richesse aux mollahs et aux Pasdarans.

Effondrement de la classe moyenne : l’ossature sociale se brise

Nulle part une classe moyenne ne s’est dissoute si vite. Enseignants, employés, retraités — l’armature d’un pays — peinent à payer loyers, médicaments, scolarité. Le retraité qui a œuvré trente ans clame : « C’est seulement dans la rue que notre droit s’arrache. »
La classe moyenne iranienne a été poussée vers la pauvreté — exactement ce que veut la République islamique : un peuple dépendant, affaibli par la survie, sans loisir de s’organiser ni de réclamer la liberté.

La misère hurle dans les rues

Le portrait de l’Iran présent, c’est la pauvreté nue :

  • Des enfants au carrefour, vendant des chiffons.

  • Des récupérateurs, sacs sur l’épaule, fouillant les bennes pour un quignon sec.

  • Des habitants des marges, vivant en cabanes ou dans des chambres louées.

Et cela, dans un pays aux deuxièmes réserves gazières et aux quatrièmes pétrolières du monde. Ce n’est plus la pauvreté, c’est la rapine.

La corruption : la loi non écrite de la République islamique

En République islamique, la corruption n’est pas un accident : c’est la loi. Chaque jour, une nouvelle affaire éclate — détournements, contrebande, rentes de change, accaparements fonciers, prêts milliardaires aux héritiers du sérail. Aucun grand fauteur n’est jugé : tous font corps avec le système.
Les banques arrosent Pasdarans et « fils de » de crédits colossaux — jamais remboursés ; l’employé ordinaire, pour un prêt dérisoire, doit produire des garants et courir des mois. Le média qui dit la vérité est fermé ; le journaliste qui enquête, emprisonné.
La corruption est une tumeur maligne qui a envahi toutes les artères de l’économie. Tant que subsistera la racine de ce pouvoir théocratique, ce cancer est incurable.


Chapitre III – L’ambition nucléaire et ses conséquences

Aucun projet, dans l’histoire de la République islamique, n’a autant mis à nu le vrai visage de ce régime que l’affaire de « l’atome » : un pouvoir qui sacrifie le pain et la vie de son peuple au rêve de la bombe. Entrepris sous le slogan « C’est notre droit inaliénable », ce projet a, dans les faits, débouché sur la pauvreté, les sanctions, l’isolement et une succession d’échecs.

La bombe : rêve des dirigeants, cauchemar du peuple

Pour les mollahs et les commandants des Pasdarans, l’atome n’était pas destiné à éclairer les foyers ni à porter le progrès scientifique, mais à prolonger leur domination. L’« enrichissement de l’uranium » fut pour eux un levier de chantage, destiné à arracher au monde une stature sans rapport avec leur réalité. Derrière le slogan, une pulsion nucléaire travaillait : celle de fabriquer l’arme, au prix de prendre en otage la sécurité de l’Iran.

Signataire du TNP, l’Iran, sous ses dirigeants, a pourtant multiplié mensonges et dissimulation pour en fissurer l’esprit. Des milliards de dollars ont été prélevés sur la poche des Iraniens pour des centrifugeuses qui tombaient en panne ou explosaient sous les cyberattaques ; pour des installations frappées à plusieurs reprises par Israël et l’Occident. Tant de dépenses n’ont ni grandi l’Iran ni accru sa sûreté : elles ont seulement lessivé l’économie et appauvri le peuple.

La « guerre de douze jours » : le rideau de l’illusion s’effondre

La guerre de douze jours avec Israël a déchiré tous les voiles de propagande. Deux sites nucléaires iraniens — érigés à coups d’investissements pharaoniques — ont été sévèrement endommagés. Des milliards, soustraits à la table du peuple, se sont volatilisés en fumée ; de quoi bâtir écoles, hôpitaux, infrastructures, réduit à un monceau de gravats.

Ces jours-là, le ciel d’Iran était dans les mains d’Israël. Drones, missiles, attaques informatiques ont labouré le territoire, tandis que les Pasdarans n’osaient répondre. Les grands mots des dirigeants islamistes, qui faisaient trembler l’Europe depuis des années, se sont révélés grotesques. L’« Iran officiel » a montré au peuple que son régime n’était pas une « force de dissuasion », mais un ballon de slogans.

Le coût national : le pain parti en fumée

La richesse de l’Iran n’était pas à investir dans des centrales et des centrifugeuses, mais dans des ventres affamés et des hôpitaux sans médicaments. Le régime a englouti des milliards dans une entreprise qui n’a enfanté que sanctions et faillites.

  • Les sanctions ont paralysé les exportations pétrolières.

  • Les médicaments vitaux sont devenus rares.

  • L’industrie a sombré.

  • L’investissement étranger s’est tari.

Dans le même temps, dignitaires et « fils de » se sont enrichis à l’ombre de ces sanctions. Pour eux, elles furent un « marché noir en or » ; pour la nation, une « file pour le pain et les remèdes ».

La fuite des cerveaux : une hémorragie silencieuse

Le projet nucléaire a dévoré jusqu’aux talents. Les meilleurs ingénieurs et chercheurs ont été happés par une entreprise sécuritaire et stérile, ou bien ils ont quitté le pays discrètement pour servir ailleurs. Le projet a pillé le capital humain autant que le capital financier.

L’isolement diplomatique : une politique étrangère ruinée

L’Iran aurait pu, fort de ses ressources pétrolières et gazières, devenir un acteur respecté. L’entêtement nucléaire l’a transformé en « dossier sécuritaire » du Conseil de sécurité. Résolutions sur résolutions, sanctions toujours plus lourdes ; même Moscou et Pékin, alliés de circonstance, ont parfois reculé. Cet isolement n’est pas accidentel : il est l’enfant de l’obstination et de l’aventure.

Une dissuasion creuse : une arme qui ne servira jamais

La dissuasion nucléaire suppose des piliers économiques, sociaux et militaires solides. L’Iran actuel est épuisé sur ces trois fronts. Un pays qui brûle sous les coupures d’eau et d’électricité, dont l’ouvrier manque de pain et la jeunesse s’exile, ne saurait être le socle d’une puissance atomique.

La guerre de douze jours a montré que même si la République islamique touchait l’orée de la bombe, elle n’aurait ni la capacité d’en user ni celle de la protéger. La « bombe », aux mains de ce régime, n’est pas un gage de sécurité mais un talon d’Achille : elle unit le monde contre le peuple iranien, sans bénéfice pour l’Iran lui-même.

Chapitre IV – L’embrasement régional et la politique d’exportation de la crise

Si, dans le monde contemporain, l’on cherche un pouvoir dont la survie ne repose pas sur la paix de ses citoyens mais sur l’entretien du brasier alentour, la République islamique se dresse au premier rang : une tache noire sur l’histoire de la région. Dès ses débuts, le régime du velâyat-e faqih a montré que les frontières de l’Iran lui importaient peu. Une civilisation millénaire a été prise en otage pour propager, au Moyen-Orient, l’idéologie chiite-valéiste.

L’« exportation de la révolution » : un leurre pour légitimer la guerre

Le mot d’ordre des années qui suivirent 1979 n’avait rien d’un rêve : c’était une injonction à violer la souveraineté d’autrui. Du ventre de ce slogan, le Hezbollah libanais est né : enfant illégitime des Pasdarans. Plus tard, les Houthis du Yémen, des milices irakiennes, des mercenaires afghans et pakistanais ont été levés pour guerroyer par procuration, au gré de Téhéran.

Ces expéditions n’ont jamais parlé au nom de l’Iran. C’est le régime islamique qui plantait son étendard à Damas, à Beyrouth, à Bagdad. Le sang des jeunes Libanais, Syriens, Yéménites fut versé pour prolonger le règne du Guide à Téhéran.

La spoliation nationale au service des guerres par procuration

Des centaines de milliards de dollars du trésor iranien — de quoi racheter les provinces les plus pauvres à la misère — ont été déversés dans la bourse de supplétifs régionaux. Une école qui aurait dû s’élever au Sistan est devenue un obus à Sanaa ; un hôpital qui eût dû naître au Khouzestan s’est mué en missile au Liban. L’eau et l’électricité, droits des villages d’Iran, se sont changées en ration de guerre en Syrie.

Le peuple a fait la queue pour le pain et le médicament, tandis que Khamenei et les Pasdarans, sous la bannière des « opprimés du monde », jetaient au feu les ressources du pays. Cette politique est une trahison envers l’Iran et un crime contre les peuples de la région.

La guerre de douze jours : la déroute de « l’axe de la résistance »

Quand le conflit de douze jours a éclaté avec Israël, les décors de propagande se sont effondrés. Des milliards injectés dans « l’axe de la résistance » n’ont pas empêché le ciel iranien de devenir, en quelques jours, une arrière-cour pour l’ennemi. Les missiles et drones que le régime exhibait depuis des années se sont révélés, face à la technologie israélienne, de simples ferrailles.

Le peuple iranien a vu : le bilan de quatre décennies d’embrasement et d’investissements colossaux n’était ni dissuasion ni puissance, mais bien la destruction d’installations vitales, l’exposition de la faiblesse militaire des Pasdarans et le discrédit de toutes les menaces creuses du régime.

Les effets politiques : l’Iran isolé, le régime honni

La République islamique a fait porter à la nation l’hostilité d’Israël et des États-Unis, et attisé la défiance des Arabes. Les rapports avec l’Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn, l’Égypte ont été des années durant heurtés ou tendus.

Pourtant, l’Iran aurait pu être un pont pour le commerce et la coopération ; le régime l’a transformé en épouvantail. Au lieu d’être le partenaire naturel de ses voisins, l’Iran, à cause des appétits des Pasdarans, s’est figé en menace dans l’imaginaire régional.

Les victimes silencieuses : un Moyen-Orient en sang

La facture de cette politique ne pèse pas seulement sur les Iraniens. Dans les ruelles ruinées de Damas, dans les fosses communes de Sanaa, dans les avenues bombardées de Bagdad, l’ombre de la Force al-Qods s’allonge. Enfants libanais sans abri, femmes yéménites en deuil, réfugiés syriens — victimes muettes d’une « résistance » dont Téhéran se targue.

Partout où le velâyat-e faqih a posé le pied, l’aisance s’est changée en ruine et l’espérance s’est teinte de sang. Ce que l’on a nommé « exportation de la révolution » n’a été que l’exportation de la mort, de la misère et du despotisme.

Chapitre V – Corruption structurelle et système défaillant

Nulle lèpre n’est plus destructrice pour un pays que la corruption structurelle : non pas une plaie de surface, mais un cancer profond. La République islamique est exactement cette hydre : un système où la corruption est la règle et la probité, l’exception. Un régime qui, loin de combattre la corruption, la produit et la reproduit.

La corruption administrative : l’humiliation quotidienne

Les Iraniens savent qu’aucune démarche — licence commerciale, dossier judiciaire, service élémentaire — n’aboutit sans bakchich, piston et réseaux. Cette humiliation du quotidien révèle le vrai visage d’un pouvoir qui se dit « justicier ».

Plus haut dans la pyramide, le scandale se fait obscène : détournements milliardaires, fraudes bancaires, accaparement foncier, rentes de change et pétrolières. L’affaire des « trois mille milliards », la caisse d’épargne des enseignants : gouttes d’un océan de fange. Derrière chaque dossier, des réseaux de dignitaires, d’« héritiers » et d’officines sécuritaires, engloutissant, avec l’avidité d’une mafia, les ressources de la nation.

Les « Fondations » : des voleurs en robe sacrée

Les « fondations » portent un nom pieux — Fondation des déshérités, Siège d’exécution de l’Ordre de l’Imam, Comité d’aide, et autres. Leur fonction n’est pas de servir, mais de piller. Elles contrôlent une grande part de l’économie, ne paient pas d’impôts, ne rendent aucun compte, et nul n’ose questionner.

Les Pasdarans, censés être une institution militaire, ont bâti un empire économique. Du pétrole au gaz, des télécoms aux routes, de la banque à la contrebande, des ports à la douane : nulle sphère où leur main ne s’étende. L’économie iranienne est prise en otage par un réseau militaro-rentier dont tous les vaisseaux aboutissent aux commandants.

La politique, échelle vers la richesse

En République islamique, le pouvoir n’est pas service : c’est l’échelle vers l’opulence. Des députés qui, au lieu de légiférer, chassent licences exclusives et rentes d’importation ; des ministres et des gouverneurs qui, sitôt sortis de charge, se parent des habits de milliardaires. L’accouplement du politique et du financier a forgé un cercle infernal : la richesse de rente achète le pouvoir ; le pouvoir engendre de nouvelles rentes ; et le peuple s’appauvrit pendant que les gouvernants s’engraissent.

Ce n’est plus un État : c’est une oligarchie rentière, un système de mafias politico-religieuses qui ne pensent qu’à leur propre maintien.

L’inefficacité managériale : la ruine au nom des « projets »

La corruption ne dévore pas seulement les ressources : elle paralyse la gestion. Les dirigeants sont nommés non pour leur compétence, mais pour leur allégeance politique, familiale ou « valéiste ». Sans expertise, sans désir de servir, ils ne veillent qu’à leur survie dans les réseaux de rente.

Ainsi, les décisions se prennent non à la lumière de la science et des données, mais au gré des factions et des intérêts privés. Les « mégaprojets » tournent à la catastrophe :

  • Le logement Mehr, engloutissant des milliards, s’est mué en friche inachevée.

  • La frénésie de barrages a asséché fleuves et ravagé plaines.

  • Les grands programmes industriels ont, les uns après les autres, échoué, ne laissant que dettes et décombres.

La République islamique a transformé un pays qui pouvait figurer parmi les économies les plus riches en un hangar de projets avortés et de rêves calcinés.

L’effondrement de la confiance : le plus grand capital dilapidé

La confiance publique est le trésor suprême d’une nation. La République islamique l’a consumé par le mensonge et la corruption. Quand les Iraniens voient des dossiers de fraude classés sans sanction, quand ils voient les « fils de » mener grand train en Europe pendant que leurs compatriotes font la queue pour le pain et les médicaments, il ne reste plus rien à croire.

Cette défiance se lit partout :

  • Scrutins de façade, aux taux de participation faméliques ;

  • Manifestations de rue, flammèches d’une colère rentrée ;

  • Exode massif des élites, qui ne voient plus d’avenir sur cette terre brûlée.

La corruption structurelle n’a pas seulement ravagé l’économie et la politique : elle a épuisé l’âme de la nation. La République islamique a perdu toute légitimité et ne se maintient plus qu’à force de répression nue.

Chapitre VI – Répression politique et suppression des libertés

L’histoire contemporaine de l’Iran est riche en plaies, mais la blessure infligée par la République islamique est la plus profonde, la plus saignante. Jamais, depuis l’entrée de l’Iran dans la modernité, le bâillon, la brutalité et l’outrage à la liberté n’avaient atteint une telle intensité. Un régime advenu par la duperie des mots « indépendance, liberté » a sacrifié la liberté dès l’instant premier, pour l’ensevelir sous les prisons, les potences, la censure et la torture.

L’université : citadelle de savoir, devenue geôle

Partout, l’université est le lieu de la question, de la critique, de la confrontation des idées. Sous la République islamique, elle fut un champ de bataille — non pas intellectuelle, mais sécuritaire. Du dortoir de Téhéran en juillet 1999, rougi du sang des étudiants, à novembre 2019, où les balles ont fauché la jeunesse, jusqu’au soulèvement « Femme, Vie, Liberté » en 2022, onde de choc revenue dans les campus : une ligne rouge de répression n’a cessé de courir.

Des milliers d’étudiants, pour avoir pensé, écrit un article critique, participé à un petit rassemblement, ont été privés d’études, emprisonnés, parfois tués. Le régime n’a jamais supporté l’université, parce qu’elle rappelle cette vérité : aucun despotisme ne résiste à la connaissance.

Le journalisme en cage

En République islamique, la plume est un crime et la parole, un ennemi. L’Iran est l’une des plus vastes prisons de journalistes au monde. Quiconque veut publier librement voit son journal interdit ; tout reporter qui dit le vrai est accusé « d’atteinte à la sécurité nationale » ou de « propagande contre le régime ».

Dans ce pays, dire la vérité n’est pas un métier, mais un délit. On embastille les journalistes, on ferme les médias, et jusque dans l’exil, l’ombre de la menace plane sur eux. Une société privée d’information libre est maintenue dans la nuit — nuit que la République islamique veille jalousement, avec rigueur et violence.

Les potences : la mort comme spectacle politique

Sous ce régime, la peine capitale n’est pas seulement un verdict : c’est un instrument de terreur, un rituel d’effroi. Dès les années 1980, avec les exécutions massives et le massacre des prisonniers politiques en 1988, le pouvoir a révélé qu’il faisait de la mort une stratégie de survie.

On dresse les potences sur les places, on diffuse des aveux extorqués à la télévision, on organise des procès-spectacles pour rappeler à chacun que sa vie tient à l’obéissance. Les exécutions d’opposants, après les dernières révoltes, poursuivent la même doctrine : gouverner par la peur et le sang de la jeunesse.

Les femmes : la moitié enchaînée

Nulle image n’expose mieux la répression que le sort des femmes. Voile obligatoire, discriminations légales, interdits sociaux, harcèlement continu des « patrouilles de guidage » : tout révèle une vision qui ne voit pas en la femme un être libre, mais un étendard idéologique.

Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » a marqué un tournant : les Iraniennes ne consentent plus à l’asservissement. Leur cri a fait trembler le régime, car une femme qui a franchi le mur de la peur ne retourne pas à la cage. La réponse du pouvoir ? Encore le sang, la prison, la torture.

Censure et espace numérique sous chaînes

Avec internet, le régime s’est découvert un nouvel espace de répression. Filtrage massif, blocage de plateformes, coupures d’accès lors des manifestations, armées de trolls et d’intimidateurs : autant de symptômes de la frayeur que lui inspire la vérité.

Et pourtant, ces outils ont échoué. Les images et les voix du peuple, malgré les filtres et les coupures, ont trouvé leur chemin vers le monde. L’opinion internationale s’est mobilisée contre la répression ; le mur de la censure s’est lézardé.

Une société sous effroi

L’Iran vit aujourd’hui dans un air saturé de peur : un message sur un réseau social, un petit rassemblement, un simple vêtement suffisent pour conduire un citoyen en prison, à la torture, parfois à la mort.

Cette peur n’est pas la marque de la force, mais celle de la faiblesse. Les gouvernements ne terrorisent que lorsqu’ils ont épuisé leur capital social. La République islamique en est là : un régime sans confiance, sans légitimité, sans base populaire, qui ne tient plus que par le fouet et la potence.


Chapitre VII – Crise sociale et effondrement de la confiance nationale

Nulle société ne peut se passer d’un capital invisible mais vital : le capital social — cette confiance que les citoyens se portent entre eux et qu’ils accordent à leurs institutions, ce sentiment qui noue chacun à un avenir commun. Quand ce lien se rompt, ni l’armée, ni la monnaie, ni les ressources ne peuvent plus tenir une nation debout. L’Iran d’aujourd’hui se tient exactement à ce point-là : une heure où la société s’est vidée de l’intérieur et où la confiance nationale s’est changée en cendre.

La famille, cellule à l’agonie

Refuge premier de l’être humain, la famille est devenue, sous la République islamique, la scène d’un déclin. Inflation débridée, chômage, loyers vertigineux et horizon bouché écrasent les foyers. Les divorces s’envolent, le mariage devient un rêve inaccessible et, au lieu d’envisager la vie à deux, la jeunesse songe à fuir, à s’exiler, ou même à s’anéantir.

La violence domestique et les maltraitances infligées aux enfants gagnent les statistiques officielles : plaies à vif d’une société qui produit non la sécurité et la paix, mais la brutalité et le désespoir. Tandis que les mollahs se mêlent du voile des femmes et des relations de la jeunesse, l’institution la plus fondamentale — la famille — se délite.

L’addiction : fuite vers un autre enfer

La drogue ronge la société comme une lèpre. Pays autrefois de transit, l’Iran est devenu l’un des plus grands consommateurs. Dans les ruelles du sud de Téhéran, les villages frontaliers, jusque dans les lycées et les universités, la drogue se trouve aisément.

Ce fléau n’est ni un hasard ni seulement l’effet d’une gestion défaillante : on a souvent entendu parler de l’implication de réseaux liés aux Pasdarans et à des appareils du régime dans la contrebande et la distribution. L’addiction sert peut-être d’instrument pour soumettre une génération insoumise — pour étouffer l’élan vital et la révolte des jeunes.

Migration : fuir une mort lente

La vague migratoire est le cri muet d’une nation. Des milliers de médecins, d’ingénieurs, d’étudiants, d’artistes quittent chaque année l’Iran — non par goût du confort, mais pour échapper à la prison et à l’impasse. Cet exode des talents blesse plus profondément que n’importe quelle sanction : ce qui s’en va, ce n’est pas l’argent, c’est l’avenir.

Le jeune Iranien voit pour lendemain le chômage ou l’arrestation, la misère ou la mort dans la rue. Il s’enfuit. Le régime se félicite peut-être que les voix critiques s’éteignent au passage des frontières ; la vérité, c’est que l’Iran s’étiole et se vide jour après jour.

Dépression, suicides et mort silencieuse

La dépression n’est plus, dans l’Iran d’aujourd’hui, une maladie individuelle : c’est un état national. Une génération privée d’espérance glisse dans la nuit mentale. Les suicides d’adolescents et de jeunes adultes augmentent. Des filles face à la contrainte du voile, des garçons face à la pauvreté, des jeunes face à l’injustice ne voient d’issue que la mort.

Ces suicides parlent d’un silence terrifiant : protestations muettes contre un régime qui refuse même le droit de vivre. La République islamique ne tue pas seulement les corps ; elle dessèche les âmes.

Défiance absolue envers le pouvoir

Nul capital n’est plus précieux que la confiance du peuple dans son gouvernement. Ce capital-là est détruit. Nul ne croit plus aux promesses des responsables. Les tribunaux ne sont pas des temples de justice, mais des symboles d’iniquité. Les médias officiels n’informent pas, ils servent la propagande.

Les élections se sont changées en mascarade que la population boycotte. Même lors des catastrophes naturelles, les citoyens se détournent de l’État et se fient aux associations et aux œuvres caritatives. Le pouvoir est tombé de l’œil du peuple ; cette chute est plus cuisante que n’importe quel revers militaire.

Faille générationnelle : une guerre sourde au cœur du pays

La jeunesse iranienne vit dans un autre monde. Elle a grandi avec internet et les réseaux, connaît la musique, le cinéma et les valeurs universelles ; elle a respiré la liberté — fût-ce dans l’écran d’un téléphone. En face, une génération au pouvoir : des vieillards prisonniers de l’illusion médiévale du velâyat-e faqih.

Ce fossé n’est pas divergence de goûts : c’est une fracture de civilisation. Le jeune Iranien veut une vie moderne ; le régime le condamne à l’asphyxie. Ce conflit éclatera : l’histoire l’enseigne, la jeunesse finit par l’emporter, les pouvoirs pourris finissent par tomber.

Une société au bord de l’explosion

Désagrégation familiale, addiction, exil, dépression, suicides, défiance, fracture des générations : tout cela s’entasse comme autant d’explosifs sous la peau du pays. Les soulèvements sanglants de ces dernières années n’en furent que les étincelles.

L’Iran est une société en lisière d’explosion — non seulement économique et politique, mais sociale et culturelle. Et cette déflagration brisera tôt ou tard les piliers pourris de la République islamique.

Chapitre VIII – Traditionnalisme et fanatisme religieux : la racine de la décadence

Pour trouver la source de toutes les crises iraniennes, il faut descendre plus bas que la corruption financière et l’incompétence : jusqu’à l’idéologie religieuse. La République islamique n’est pas un État : c’est une prison bâtie sur les colonnes d’une Loi sacrée dévoyée et d’un traditionalisme aveugle. Un système qui tient la raison pour ennemie, n’admet la science que comme ornement du pouvoir, et ne connaît l’être humain que soumis au Guide.

La religion : instrument de pouvoir, non voie de sens

Dans l’histoire iranienne, la religion avait une place culturelle et spirituelle. Le clergé au pouvoir l’a pillée pour en faire un outil de despotisme. Le « gouvernement du juriste-théologien » a octroyé au clergé plus qu’un trône : l’impunité absolue.

Dès l’origine, l’habit sacré a couvert la répression : l’« ordre de Dieu » a baptisé la violence. Ici, la religion n’est pas un chemin d’éthique, mais une chaîne pour asservir le peuple.

Le dogme contre la raison

Là où la fatwa l’emporte sur la science, il ne pousse que ruine. Les décisions majeures sont nées du fanatisme :

  • Interdits médicaux et pharmaceutiques, censure à l’université ;

  • Fatwas insensées contre les vaccins ;

  • Politique nataliste déconnectée des moyens des familles.

Toujours, la rationalité a été sacrifiée pour que les mollahs gardent leur trône.

Les femmes, premières victimes du fanatisme

Nulle part la morsure du fanatisme n’apparaît plus crûment que dans la vie des femmes. Le voile obligatoire n’est pas un vêtement : c’est un drapeau d’asservissement. Les lois inégalitaires — mariage, divorce, héritage, garde des enfants — font d’elles des citoyennes de seconde zone.

Mais les Iraniennes n’ont pas cédé. « Femme, Vie, Liberté » a sonné comme une insurrection contre le Moyen Âge : un soulèvement qui dit que la moitié de la nation refuse d’être sacrifiée à une shari‘a falsifiée. C’est pourquoi le régime l’a noyé dans le sang : il sait que si les femmes se libèrent, les fondations du velâyat-e faqih s’écroulent.

La jeunesse dans la cage d’une tradition pourrie

Le jeune Iranien vit au XXIᵉ siècle mais sous des lois d’il y a mille ans. Internet, musique, cinéma, arts modernes : filtrés, censurés, criminalisés.

Cette jeunesse veut vivre ; on l’enferme dans une cage de privations, de contraintes et d’humiliations. Cette contradiction est le moteur de la colère qui s’embrase périodiquement dans les rues.

Hostilité au savoir et à l’esprit

Le régime se rengorge de « progrès scientifique » mais étouffe toute science non vouée à l’idéologie. Les universités deviennent des chancelleries de propagande, les professeurs indépendants sont évincés, les sciences humaines doivent être « islamisées ».

Aux élites, le pouvoir ne laisse que deux voies : l’exil ou le silence. Résultat : une société pauvre en savoir, sans horizon, tandis que le monde court dans la course scientifique et technologique.

Une société prisonnière du passé

Sous le joug des mollahs, l’Iran végète dans un marais d’antan. Tandis que la planète avance vers l’égalité de genre et les libertés civiles, la République islamique retient sa population au cachot du fanatisme :

  • Une culture publique ordonnée à l’exclusion et à la haine ;

  • Les libertés individuelles écrasées par une Loi sacrée pervertie ;

  • L’identité nationale déchirée entre un passé imposé et un avenir moderne.

Le fanatisme, arme de survie du despotisme

Le fanatisme religieux n’est pas une foi privée : c’est l’outil de la domination. En sacralisant l’ignorance, les mollahs ont voulu maintenir la soumission. Mais aucune nation vivante ne demeure perpétuellement enchaînée. Si l’Iran semble captif aujourd’hui, les chaînes se briseront dans la colère du peuple.

Chapitre IX – Comparaisons régionales et mondiales

Rien n’est plus accablant que la comparaison. L’Iran, civilisation ancienne, racines éclatantes, ressources immenses d’hydrocarbures, population jeune et brillante, a chuté si bas que les plus petits États de la région l’ont dépassé. Ce recul n’est ni destin ni pénurie : c’est la trahison directe de la République islamique — la trahison des mollahs et des Pasdarans envers un peuple qui pouvait toucher le premier rang et fut jeté au fond de la misère et de l’isolement.

Turquie : entre tradition et modernité

Malgré ses crises, la Turquie a trouvé un équilibre relatif. Tourisme, économie diversifiée, capitaux étrangers : elle a conquis une place dont ses citoyens bénéficient. À comparer, le Turc jouit de libertés sociales plus larges et d’un bien-être supérieur. Avec l’islam dans son histoire, elle a choisi le monde moderne ; la République islamique a enchaîné l’Iran au Moyen Âge.

Émirats : du sable aux gratte-ciel

Il y a un demi-siècle, un chapelet de villages poussiéreux. Aujourd’hui, Dubaï et Abou Dhabi incarnent l’urbanisme futur et l’investissement d’avant-garde. Avec des moyens moindres que l’Iran, les Émirats ont diversifié leur économie et façonné un hub financier et technologique.

Tandis que l’Iran, assis sur les deuxièmes réserves de gaz et les quatrièmes de pétrole, subit les coupures d’électricité et la crise de carburant, les Émirats investissent des milliards dans le solaire et l’intelligence artificielle. Ce contraste signe l’incompétence du régime et le pillage des ressources par les mollahs et les Pasdarans.

Arabie saoudite : de l’obscurité à la modernité

Hier symbole de rigorisme, l’Arabie trace, avec « Vision 2030 », sa sortie du tout-pétrole. « NEOM » et les mégaprojets urbains témoignent d’un choix d’avenir.

Et l’Iran ? Toujours captif du pétrole, de la corruption, de l’embrasement régional. Alors que Riyad marche vers demain, Téhéran plonge son peuple dans la nuit de la pauvreté et de la répression.

Qatar : diplomatie avisée

Petit pays, faible population ; mais le Qatar est devenu acteur international. La Coupe du monde 2022 n’en fut qu’un signe. Grâce au gaz, il a bâti une richesse transmutée en infrastructures, technologies et diplomatie.

Avec des ressources bien supérieures, l’Iran s’est enfoncé dans un isolement sans précédent. Sa diplomatie n’a pas choisi l’échange, mais la menace et l’exportation du terrorisme et de la crise. Résultat : sanctions, ostracisme, discrédit.

Corée du Sud : le miracle de la raison

Au-delà de la région, la Corée du Sud est un miroir. Ruinée par la guerre dans les années 1950, sans pétrole ni gaz, elle s’est hissée, par l’éducation, la technologie, la démocratie, parmi les puissances économiques.

L’Iran, avec des atouts décuplés, aurait pu suivre une voie semblable. La République islamique a choisi, elle, le fanatisme, la corruption, la répression. Séoul exporte Samsung, LG et des industries avancées ; Téhéran exporte mollahs, miliciens et missiles inutiles.

L’Iran : occasions brûlées, trahison historique

Aucun pays n’a joui d’autant d’opportunités. L’Iran pouvait dépasser tous ses voisins ; il est devenu une nation pauvre, isolée, meurtrie. Ceux qui vivaient jadis à son ombre l’ont devancé avec éclat.

Ce retard n’est pas une erreur : c’est la plus grande trahison commise contre le peuple iranien par la République islamique. Les mollahs et les Pasdarans ne gouvernent pas un pays : ils sont les adversaires véritables de l’Iran.

Chapitre X – Avenir et scénarios possibles

L’Iran se tient à un carrefour : entre ruine et délivrance. Quatre décennies de tutelle cléricale et militaire ont poussé la terre jusqu’au bord de l’abîme. Corruption structurelle, embrasement régional, répression, dilapidation des ressources ont changé un pays aux atouts uniques en champ de ruines. Mais l’avenir n’est pas scellé : la nation doit choisir — poursuivre l’enfer islamique ou rompre ses chaînes et entrer dans une ère nouvelle.

Scénario 1 : la continuation — déclin au ralenti

Probable à court terme : un régime qui se cramponne par la potence et le matraque, le filtre et la propagande, en brûlant les dernières gouttes d’hydrocarbures. Cette survie de mort-vivant a un prix :

  • L’économie s’enlise jour après jour.

  • Les eaux et les sols d’Iran s’abîment.

  • La société glisse vers l’effondrement moral, l’exil de masse et l’abattement collectif.

  • Toute voix contestataire est étouffée par la balle et la geôle.

Ce chemin n’est pas la stabilité : c’est la mort lente. Et n’importe quelle crise peut faire sauter le verrou et précipiter l’écroulement.

Scénario 2 : la transformation — rompre la chaîne

La seule issue est un basculement : l’effondrement de la République islamique. Ce changement ne naîtra ni des réformes ni des urnes truquées. Quarante ans d’expérience suffisent : le régime est irréformable. La voie passe par la résistance civile, la rue, la désobéissance de masse et l’union nationale.

De 1999 à 2009, de 2019 au soulèvement « Femme, Vie, Liberté » en 2022, l’esprit de la nation a prouvé qu’il vit et que la répression ne l’éteint pas. À chaque vague, plus profond, plus large. Viendra le jour où l’onde brisera la digue pourrie du velâyat-e faqih.

Les facteurs décisifs

  • La puissance et la persistance des mobilisations : la rue est la seule à faire vaciller le trône des mollahs.

  • La position de l’armée et des forces en armes : si elles cessent la répression et rejoignent le peuple, la chute s’accélère.

  • La pression internationale : sanctions et isolement affaiblissent le régime, mais l’estocade appartient au peuple.

  • L’effondrement économique : plus la table se vide, plus la colère s’embrase.

  • Le rôle des élites et de l’opposition : seul un horizon alternatif, laïc, national et inclusif, peut donner sens à l’espérance.

L’Iran de demain : sortir de la nuit

Le portrait de l’Iran futur ne s’éclairera que lorsque la République islamique aura rejoint la décharge de l’Histoire. Alors le pays se relèvera : il possède tout — ressources naturelles, position géopolitique singulière, peuple doué et racines de civilisation.

Un Iran libre pourra :

  • Fonder un État laïque et démocratique ;

  • Bâtir une économie diversifiée et fondée sur la connaissance ;

  • Établir une société d’égalité et de liberté pour les femmes et les hommes ;

  • Porter, au monde, non la crise et la terreur, mais la voix de la paix et de la coopération.

Chapitre XI – Conclusion et appel à une refondation nationale

L’Iran d’aujourd’hui ressemble à un phénix blessé : il brûle dans le feu du despotisme et de la corruption, mais n’est pas encore cendre. Cette terre, malgré les cicatrices infligées par les mollahs et les Pasdarans, conserve la force de se relever. La question n’est pas de savoir si l’Iran peut revivre — mais quand la nation rompra la chaîne islamique et reprendra sa destinée.

Le réveil d’un peuple : une heure historique

Des décennies de censure, de répression et de mensonge n’ont pas étanché la soif de liberté. Le cri « Femme, Vie, Liberté » a montré que la jeunesse n’acceptera plus l’esclavage. Ce réveil doit devenir un mouvement durable : non seulement contre un régime, mais contre des siècles d’arriération imposée par le traditionalisme et le despotisme religieux.

La nécessité d’une refondation

L’Iran doit répondre à une question capitale :

Voulons-nous rester dans la prison du velâyat-e faqih et du fanatisme rance, ou devenir une nation libre, laïque et pionnière ?

Refonder, c’est briser les tabous dont la République islamique a enchaîné les esprits ; c’est dé-sacerditiser le pouvoir ; c’est comprendre que nul autre que la nation n’est propriétaire de l’Iran.

L’unité, clé de la délivrance

Le régime a régné par la division : ethnies, confessions, classes, générations — sa stratégie constante. Mais l’histoire le dit : quand les Iraniens se tiennent ensemble, aucun despotisme ne dure.

Aujourd’hui, l’unité n’est pas un slogan, c’est une condition d’existence :

Si l’étudiant marche avec l’ouvrier, si l’enseignant se tient près du paysan, si la femme et l’homme avancent de concert, si Kurdes, Baloutches, Azéris et Persans se dressent côte à côte, nul velâyat-e faqih ne pourra tenir.

L’espérance, l’arme que le régime ne peut confisquer

La République islamique a voulu tuer l’espérance. Elle coule pourtant dans les veines : dans le sourire d’un travailleur qui nourrit les siens malgré la table vide ; dans un jeune qui rêve encore de liberté ; dans une mère qui dit à son enfant : « Reprends l’avenir aux piétinés. »

Cette espérance, nul mollah ne peut la saisir. Transmuée en force collective, elle deviendra un orage que ni pasdarans ni prisons n’arrêteront.

L’Iran de demain : un choix limpide

L’Iran de demain n’adviendra qu’avec la chute de la République islamique. Un lendemain où :

  • La religion est séparée de la politique et la conscience est libre ;

  • La justice sociale est réalité, non slogan ;

  • Femmes et hommes sont égaux, et nulle Loi sacrée ne prime sur les droits humains ;

  • Science, art et pensée croissent sans chaînes ;

  • La politique extérieure se fonde sur l’échange et la coopération, non sur la guerre et la terreur.

Ce n’est pas un songe lointain : c’est un choix, dressé devant la nation.

Appel à la refondation nationale

Plus que jamais, il faut du courage : dire non à la République islamique, dire oui à la liberté. Ce n’est pas un appel à la violence, mais à la fermeté et à la pensée. À rompre l’enchantement de la peur et à croire que l’Iran ne s’ouvrira que par l’unité et la résolution.

L’Iran s’est relevé maintes fois des ruines. Il se relèvera encore — si le peuple décide que l’heure est venue.

Ehsan Tarinia – Luxembourg
Écrit le 21 août 2025