L’Iran d’aujourd’hui est une terre juchée sur un trésor d’histoire et de culture, mais prise au piège de chaînes d’obscurantisme et de despotisme. Un pays qui fut jadis le berceau d’une splendeur de civilisation, de littérature, de science et d’art, est désormais devenu la scène d’une ruine sociale, économique et culturelle. Plus de quatre décennies de République islamique se sont abattues comme un cauchemar accablant sur le corps de cette nation, lui dérobant sa force et son espérance. Ce qui règne aujourd’hui en Iran n’est pas seulement un gouvernement, mais une machine d’ignorance et d’oppression : un système dont la trame n’est faite que de corruption, de discrimination, de violence et de tromperie. Ce régime n’a pas seulement mis la main sur la vie et les biens des Iraniens ; il a saisi leurs âmes, enchaîné leur liberté, et bâillonné leur souffle.
La République islamique se justifie en apparence au nom de la foi, mais n’est en vérité qu’un instrument destiné à consolider le pouvoir et à pérenniser la domination d’une caste particulière de religieux et de militaires corrompus. Ils ont fait de la religion un bouclier pour piller, et du culte un outil pour légitimer leur tyrannie. Alors que, dans l’histoire de maintes sociétés, la religion pouvait jouer un rôle spirituel et moral, elle s’est muée en Iran, entre les mains des gouvernants, en usine à mensonge et à violence. Des fatwas sans fondement aux lois misogynes et liberticides, tout atteste que la République islamique n’est ni théocentrique ni populaire : elle n’est que puissance pour la puissance.
Depuis plus de quarante ans, ce pouvoir a transformé l’Iran en dépôt de crises. Crise économique : hyperinflation débridée, effondrement de la monnaie, chômage massif, corruption endémique ; crise sociale : extension de la pauvreté, de la toxicomanie, de la prostitution et de l’exil forcé ; crise de l’énergie, blackouts, pénurie d’eau ; crise environnementale : rivières et lacs asséchés, forêts ravagées ; crise politique : liberté étouffée, prisons pleines de détenus d’opinion, exécutions innombrables. Ainsi l’Iran se tient au bord d’un effondrement total. Pilier jadis de stabilité régionale, le pays est devenu une source d’insécurité au Moyen-Orient et dans le monde.
Pourtant, au milieu de ces ténèbres, une lueur demeure : l’espoir du changement, l’espoir de la liberté, l’espoir d’un Iran nouveau. Cet espoir ne naît pas du régime, mais jaillit du peuple ; de ces jeunes qui, dans les rues, ont fait trembler le pouvoir en criant « Femme, Vie, Liberté » ; de ces mères qui, sur la tombe de leurs enfants tombés, n’ont pas gardé le silence ; de ces exilés qui, aux quatre coins du monde, maintiennent la voix de la liberté. Mais une question, pareille à une lame, s’enfonce dans l’esprit de tout opposant iranien : pourquoi, malgré la souffrance partagée et l’ennemi commun, l’opposition iranienne n’est-elle pas devenue une force unie et puissante ? Pourquoi, après quatre décennies, dispersion, querelles intestines, divisions et narcissisme politique empêchent-ils encore l’émergence d’une alternative nationale crédible face au régime ?
Répondre à cette interrogation est l’objet du présent texte. Nous regarderons ce problème avec les yeux d’un nationaliste opposé au régime clérical : un nationalisme qui ne cherche ni une dictature nouvelle, ni la reproduction du despotisme sous un masque neuf, mais la renaissance d’un Iran libre, démocratique et laïque. À cette aune, examiner l’opposition iranienne et les raisons de son absence d’unité n’est pas un exercice abstrait : c’est une nécessité vitale pour sauver l’Iran. Si les forces d’opposition ne parviennent pas à converger et à conjuguer leurs efforts, la chance historique d’abattre le régime se dissipera, et l’Iran sera entraîné plus avant vers la dislocation et la ruine.
Dans tout cela, une évidence s’impose : la République islamique n’est pas réformable, et la « réforme » en son sein n’a aucun sens. L’expérience de quatre décennies l’a prouvé : toute tentative d’évolution de l’intérieur a échoué, ne laissant qu’un allongement de l’agonie et l’illusion d’espérances vaines. Parler aujourd’hui de réformer ce système, c’est trahir le sang de milliers d’Iraniens tombés dans les rues. La République islamique doit être déracinée ; aucun compromis n’est possible avec cette machine d’ignorance et d’oppression.
Mais s’opposer ne suffit pas. La question décisive demeure : quelle force peut la remplacer et tirer l’Iran des ténèbres vers la lumière ? Beaucoup de noms circulent : groupes de gauche, partis national-religieux, républicains, monarchistes, militants de la société civile, minorités ethniques. Chacun revendique une part dans l’avenir. Or la dispersion, les rivalités d’enfants, les rancœurs historiques et l’incompréhension de l’urgence ont empêché toute union réelle. Les médias d’exil, au lieu de favoriser les convergences, reproduisent souvent les fractures. Les uns recherchent l’influence personnelle ; d’autres tombent dans les jeux des puissances étrangères ; d’autres encore restent prisonniers d’idéologies défaites, qu’elles soient de gauche ou confessionnelles.
Une vérité, pourtant, s’impose plus que toute autre : l’Iran a besoin d’une figure nationale, symbolique et digne de confiance, capable d’orchestrer la période de transition. Quelqu’un qui ne soit esclave d’aucune idéologie, avide d’aucun pouvoir, ni enfermé dans des vengeances anciennes. Dans les circonstances présentes, un seul peut assumer ce rôle : le prince Reza Pahlavi. Non point comme « roi prêt à ceindre la couronne », mais comme pont vers la démocratie, apte à rassembler l’opposition dispersée et à fédérer le peuple autour d’une alternative nationale. Ce qu’il répète — un référendum libre sur la forme de l’État — n’est pas seulement la voie la plus rationnelle ; c’est la plus juste et la plus démocratique. Il est le symbole du passage, non le terme de la route. Le terme, c’est le choix libre de la nation iranienne, par l’élection et par un référendum général.
Nous aborderons, dans la suite, en détail :
les fractures internes de l’opposition en exil,
l’émergence d’« oppositions factices » et le péril des infiltrés,
la critique des partis et courants divers,
et, finalement, la place du prince Reza Pahlavi comme alternative pour la transition.
Puis nous tournerons le regard vers un avenir où l’Iran, libéré de la chaîne cléricale, offrira à tous ses enfants — de gauche, de droite, du centre — l’arène d’une libre compétition démocratique pour décider de la forme du régime.
Cette introduction ne décrit pas seulement l’état des lieux ; elle ouvre une vérité amère : si l’opposition ne s’unit pas, l’histoire de l’Iran connaîtra une fois encore une occasion perdue. Mais si l’unité se fait, la fin de la République islamique cessera d’être un songe pour devenir une proximité palpable.
L’opposition iranienne en exil est un phénomène complexe et stratifié, né dès les premiers jours du régime islamique. Des milliers de militants, d’intellectuels, d’écrivains, de journalistes et de citoyens ordinaires, ne trouvant plus d’air à respirer en Iran, se sont réfugiés en Europe, aux États-Unis, au Canada et ailleurs. Si l’exil, à première vue, pouvait devenir une chance de recomposer les forces et de bâtir un front national, la réalité, plus dure, est que la dispersion géographique a nourri des fractures politiques, idéologiques et personnelles.
Paris, Londres, Berlin, Los Angeles, Washington : ces villes sont devenues, en quatre décennies, des foyers d’Iraniens opposés au régime. Chacune reflète à sa façon la société iranienne en exil, avec les mêmes contradictions, les mêmes dissensions, les mêmes maladies politiques. Au lieu d’user des libertés des pays d’accueil pour forger une alternative nationale, beaucoup se sont enfermés dans le cercle étroit des rivalités personnelles et partisanes. Il en a résulté, dans chaque ville, une myriade d’associations minuscules ressemblant davantage à des clubs privés qu’à des formations politiques opérationnelles.
Cette dispersion a non seulement dilué les forces, mais brouillé l’image de l’opposition aux yeux du monde. Les puissances internationales, au lieu d’entendre une voix, se heurtent à mille voix, mille drapeaux, mille slogans. De quoi rassurer la République islamique : elle sait ses ennemis extérieurs occupés à des querelles sans fin.
Dans tout cela, les médias persanophones de l’extérieur jouent un rôle double. Certaines chaînes et d’innombrables chaînes YouTube ont porté la voix de l’intérieur vers le monde, relayé les nouvelles de la répression, des manifestations, de la corruption. Mais ces médias sont aussi devenus souvent l’arène des guerres intestines de l’opposition.
Chaque groupe cherche son média, ou au moins une tribune. Les disputes, au lieu de se régler à huis clos, éclatent en direct. Le public en retire cette impression : l’opposition n’est pas seulement désunie ; elle est incapable de se parler. Sur les réseaux sociaux, cette guerre est telle que bien des jeunes de l’intérieur se détournent de l’opposition exilée et cessent de la prendre au sérieux.
Le régime exploite cette situation. Sa propagande répète qu’« il n’y a pas d’alternative » et que « l’opposition vaut pire que le pouvoir ». Bâti sur le mensonge, l’argument gagne pourtant en efficacité, porté par la réalité des fractures.
À la racine des divisions se trouvent des antagonismes idéologiques.
La gauche — héritière de partis marxistes et socialistes d’autrefois — demeure accrochée à des rêves de justice de classe et de slogans révolutionnaires, sans réponse claire aux crises d’aujourd’hui. Elle reste figée dans le passé et, souvent, animée d’une aversion aveugle envers la dynastie Pahlavi, sans admettre que l’hostilité à la monarchie ne garantit pas la liberté.
Les républicains couvrent un spectre ample, des libéraux laïcs aux nationaux-religieux. Au lieu d’insister sur les convergences, ils se disputent parfois sur les schémas — « république parlementaire » ou « présidentielle ».
Les monarchistes eux-mêmes sont divisés : une majorité se rassemble autour du prince Reza Pahlavi, d’autres instrumentalisent le nom de la monarchie pour leur propre quête de pouvoir. De là, l’unité n’est pas totale, même au sein des monarchistes.
Ces antagonismes, surtout en ligne, tournent trop souvent à l’invective et à la démolition. On dirait que chaque camp craint plus que son rival n’occupe un meilleur rang « le lendemain de la liberté », qu’il ne désire réellement renverser la République islamique. L’égocentrisme politique et l’exclusivisme intellectuel sont les obstacles majeurs à l’unité.
Autre mal profond : l’absence de direction unifiée. L’histoire enseigne que les peuples renversent les dictatures quand ils se rassemblent derrière une figure charismatique, ou au moins dans un front solidaire. L’opposition iranienne, pour des raisons historiques et culturelles, est privée d’un tel bien.
La culture politique, façonnée par des siècles d’autoritarisme, a peu pratiqué l’art du commun. Même en exil, beaucoup veulent fonder « mon parti », « mon organisation ». Chacun se voit sauveur ; nul ne consent à marcher sous l’étendard d’autrui. Ce travers individualiste, renforcé par d’anciennes rancunes, empêche l’émergence d’un leadership.
Le prince Reza Pahlavi est la seule figure qui, dans une certaine mesure, ait pu assumer ce rôle. Mais lui aussi a subi campagnes de calomnies et de dénigrements, non pas tant de la part de la population, que de quelques groupuscules de l’extérieur. Alors qu’aucune autre personne ne bénéficie d’un capital social comparable, certains préfèrent l’entraver plutôt que de l’épauler.
L’histoire contemporaine de l’Iran abonde d’épisodes où « infiltrés » et « faux opposants » ont joué un rôle délétère. Les régimes autoritaires savent que la meilleure méthode pour durer n’est pas seulement d’écraser, mais d’infiltrer. La République islamique n’y fait pas exception. Les services — ministère du Renseignement, renseignement des Gardiens — savent qu’une opposition réelle, si elle s’unit, mettra tôt ou tard en péril le système. D’où, dès les premières années, un vaste projet : fabriquer et pousser des « oppositions factices » — des groupes et des individus qui, sous l’apparence de l’hostilité, œuvrent à la discorde, au discrédit, à l’empoisonnement des alternatives véritables.
Ces dernières années, on a vu pulluler, surtout en ligne, des courants se disant monarchistes. Comptes Instagram, canaux Telegram, profils sur X : drapeau au lion et au soleil, slogans outrés, posture d’« authenticité ». Mais à y regarder de près, il apparaît que beaucoup n’ont ni racines dans l’histoire du monarchisme iranien, ni lien avec les courants légitimes favorables aux Pahlavi.
Le monarchisme authentique plonge dans l’œuvre de modernisation et d’institutionnalisation de l’époque pahlavie ; un héritage que beaucoup voient encore comme symbole de progrès et d’identité nationale. Les partisans sincères savent que, de nos jours, le prince Reza Pahlavi incarne ce courant — non en roi couronné, mais en figure nationale apte à porter la transition. Les groupes improvisés, eux, multiplient les excès verbaux, insultent les autres oppositions, profèrent menaces et violences rhétoriques, donnant du monarchisme une caricature.
Par ces comportements, ils éloignent non seulement les sympathisants d’autres tendances, mais offrent au régime un prétexte pour discréditer le courant monarchiste tout entier. Les médias d’État exhibent ces extrêmes et insinuent que « tous les monarchistes sont des brutes ». La réalité est inverse : les monarchistes de bonne foi défendent un référendum, une transition pacifique, l’unité nationale.
La République islamique excelle dans l’art de l’infiltration. Inutile d’emprisonner tout le monde ; il suffit d’en « recruter » certains. On a vu, à maintes reprises, surgir en exil des journalistes autoproclamés, des activistes, des « réfugiés politiques » qui se révélèrent plus tard chargés de saper l’opposition.
Dans le camp monarchiste aussi, ces tactiques opèrent. Des comptes très suivis, se prétendant pro-Pahlavi, ne relaient jamais, en réalité, ses positions. Au lieu d’appeler à l’union et au référendum, ils s’acharnent sur les autres courants, menacent, enflamment la haine. Les jeunes, au lieu d’être attirés, s’éloignent, croyant — à tort — que le prince cautionne ces méthodes.
C’est précisément l’objet recherché : atteindre l’image de Reza Pahlavi. Ces dernières années, il a montré qu’il ne souhaite ni vengeance ni pouvoir absolu, mais le transfert de la souveraineté au peuple par référendum. Les infiltrés, par les slogans fabriqués et les postures extrêmes, s’efforcent de l’ériger en symbole de l’outrance et de la violence. La manœuvre est rodée : exhiber un exemple factice et radical, puis l’étendre, par amalgame, à tout un courant.
Quelques procédés parmi d’autres :
Jeter le soupçon sur ses intentions : le décrire comme « avide de trône », alors qu’il se définit, lui, comme simple citoyen appelant au référendum.
Diffuser des théories du complot : colporter qu’il serait « aux ordres de puissances étrangères », alors qu’il n’a cessé d’affirmer l’indépendance de la décision nationale.
Grossir les dissensions entre monarchistes et républicains pour accréditer l’idée d’une « guerre civile » au sein de l’opposition, tandis que des pseudo-monarchistes attisent le feu.
Utiliser des agents à double visage : se dire pro-Pahlavi tout en avançant, en réunions, des positions extrêmes, antidémocratiques, propres à nuire à son image.
Le mal le plus grave engendré par ces oppositions de façade est la défiance publique. Quand chaque jour voit naître un groupe prétendument monarchiste ou opposant, le peuple se trouble. La jeunesse, avide d’une alternative claire et digne, finit par conclure que « tous se valent ». Cette défiance est exactement ce que veut la République islamique : un corps social incrédule quant à l’existence d’une alternative, afin que, même dans les pires crises, la survie du régime reste possible.
Par ailleurs, ces infiltrations portent une atteinte profonde à la légitimité de la direction de la transition. Alors que le prince Reza Pahlavi, fort d’un capital social et d’une acceptabilité réelle chez une part du peuple en Iran et hors d’Iran, peut jouer ce rôle, les démolisseurs s’acharnent à déprécier ce capital. Ils cherchent à dresser un mur de défiance entre le peuple et le prince, pour empêcher l’opposition de se souder autour de lui en une unité véritable.
Tout mouvement d’émancipation a besoin, pour triompher, de deux piliers solides : un leadership efficace et une organisation politique cohérente. L’histoire contemporaine prouve que l’absence de l’un ou de l’autre suffit à éteindre les plus vastes soulèvements populaires. L’opposition iranienne, au fil de plus de quatre décennies d’exil et de lutte, a souffert de ces deux carences.
Des courants variés se sont formés contre la République islamique : certains adossés à des racines historiques et intellectuelles profondes, d’autres plus récents et réactifs. Aucun, toutefois, n’a réussi à se muer en une alternative nationale et englobante. Ce qui suit propose une critique des principaux courants — leurs forces, leurs faiblesses, et les raisons de leur incapacité à constituer une coalition nationale.
La gauche iranienne, héritière des partis marxistes et socialistes des années 1960–1970, demeure présente au sein de l’opposition. Elle se veut l’étendard de la justice sociale, attentive aux droits des travailleurs et des plus démunis — un point fort réel dans un pays déchiré par l’inégalité et la pauvreté.
Mais sa faiblesse majeure tient à une captivité du passé. Nombre de groupes demeurent confinés dans les idéologies démenties du XXᵉ siècle. Ils minimisent l’effondrement du bloc soviétique et les despotismes communistes, concentrent leur énergie sur la détestation de la dynastie Pahlavi et de l’idée monarchique, sans apporter de réponses concrètes aux urgences d’aujourd’hui : crise économique, catastrophe environnementale, corruption systémique.
Au lieu d’ériger la liberté politique en condition première de la justice sociale, une part de la gauche s’égare dans la primauté du dogme. Beaucoup de jeunes générations ne la prennent plus au sérieux.
Les républicains laïques couvrent un arc large, des libéraux modérés aux nationalistes laïcs. Ils défendent la séparation de la religion et de l’État et plaident pour une république démocratique — vision naturellement séduisante dans une société exténuée par une théocratie.
Mais eux aussi souffrent d’éparpillement et de querelles internes. Chaque petite formation se proclame seule représentante légitime du peuple et rechigne au compromis. Le débat sur la forme de la république — parlementaire ou présidentielle — a pris une telle place que l’essentiel, à savoir l’abolition de la République islamique, est relégué à l’arrière-plan.
Leur force : un attachement clair aux droits humains et à la démocratie. Leur faiblesse : l’absence de direction unifiée et l’incapacité à proposer un programme opérationnel pour la période de transition. Leurs conférences et réunions, multipliées à l’envi, se dissolvent trop souvent en déclarations sans lendemain, sans prise sur le réel iranien.
Les monarchistes authentiques constituent une composante importante de l’opposition. Ils estiment que la monarchie constitutionnelle fournirait à l’Iran de demain un cadre de stabilité, de continuité historique et de sauvegarde de l’identité nationale.
Leur référence est l’héritage pahlavi — modernisation, institutionnalisation, construction d’infrastructures — et l’idée qu’en dépit de ses manques, l’Iran suivait alors une trajectoire d’indépendance et de progrès.
Leur force tient à l’enracinement dans une tradition historique et à l’existence d’une figure symbolique : le prince Reza Pahlavi. Leur faiblesse apparaît lorsqu’une démarcation trop rigide vis-à-vis d’autres courants les prive de l’élasticité nécessaire à l’union nationale.
Distinction essentielle : tous les soutiens du prince ne sont pas, ipso facto, monarchistes. Un ensemble non négligeable de républicains laïcs, de nationalistes et d’intellectuels sans camp le considèrent non comme « roi à couronner », mais comme figure symbolique capable d’incarner la transition.
Traits de ce courant :
Le prince est envisagé comme symbole de l’unité nationale, non comme terme de la trajectoire.
Sa capacité de mobilisation et de création de confiance entre Iraniens est tenue pour décisive.
La forme finale du régime (république ou monarchie) doit être tranchée par un référendum libre.
L’enjeu premier est l’abolition de la République islamique et la mise en place d’un dispositif démocratique transitoire.
Ce faisceau atteste que Reza Pahlavi a dépassé le seul périmètre monarchiste pour accéder à une stature nationale transversale, raison pour laquelle beaucoup le tiennent pour l’unique option crédible à l’étape du passage.
Du Kurdistan au Sistan-et-Baloutchistan, jusqu’au Khuzestan, les groupes ethniques ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre le régime. Victimes de discriminations et de misère structurelles, ils ont payé, ces dernières années, un tribut très lourd.
Leur force : la ténacité et la défense des identités locales face à l’État oppresseur. Leur faiblesse : une tentation, parfois, de mots d’ordre séparatistes qui nourrissent la défiance d’autres Iraniens. La République islamique abuse de cette corde sensible pour brandir l’« épouvantail de la partition » et effrayer l’opinion.
Plusieurs raisons convergent :
Égocentrisme politique : chaque groupe se proclame unique dépositaire de la légitimité.
Rancunes historiques : antagonismes persistants entre gauches et monarchistes, entre républicains et partisans de la couronne.
Carence de culture coopérative : un héritage d’autoritarisme a atrophié l’art du dialogue constructif.
Infiltrations du régime : agents et « faux opposants » entretiennent le brasier des divisions.
Faiblesse organisationnelle et financière : manque de structures professionnelles, de ressources, de plans opératoires.
Le principal obstacle à l’unité est cette « maladie » ancienne : vouloir être seul chef, seul substitut. Tant que cette culture ne sera pas défaite, aucune coalition durable ne pourra émerger. Il faut admettre que l’avenir de l’Iran appartiendra non à un parti ou à un homme, mais à la nation, souveraine par un référendum libre. C’est à ce prix seulement que l’unité deviendra réalité.
Toute révolution victorieuse, toute transition réussie, exige une figure à valeur d’emblème : une présence capable de concentrer l’attention et les énergies au milieu de la dispersion. Dans l’histoire récente de l’Iran, une seule personne s’est imposée naturellement à cette place : le prince Reza Pahlavi.
Il n’est pas un « chef imposé », mais le fruit d’un héritage, d’une histoire et d’un présent. Tandis que la République islamique a méthodiquement détruit les institutions nationales et que l’opposition traditionnelle s’empêtre dans ses faiblesses, le prince a acquis une position singulière, dépassant le seul horizon monarchiste pour devenir le symbole d’une transition nationale.
Avant les traits personnels du prince, rappelons l’héritage des Pahlavi. Quoi qu’en disent ses détracteurs, la modernisation de l’Iran au XXᵉ siècle — sous Reza Shah puis Mohammad-Reza Shah — a posé des fondations durables :
Universités, écoles modernes, élévation du niveau d’instruction ;
Construction d’institutions administratives et judiciaires ;
Développement des infrastructures ferroviaires, industrielles et urbaines ;
Consolidation d’une identité iranienne face au tribalisme et au cléricalisme.
Malgré quatre décennies de propagande noire, cet héritage demeure vif pour des millions d’Iraniens : souvenir de stabilité, de développement, de dignité nationale — en contraste avec l’humiliation et la ruine de l’ère islamique.
Reza Pahlavi hérite de cet héritage sans s’y enfermer : il ne se contente pas d’une nostalgie ; il inscrit son regard dans la démocratie et la liberté à venir.
a) Transversalité
Il se définit comme un citoyen au service de la liberté de l’Iran, non comme un « roi en attente ». Il refuse les clivages de chapelles et parle à toutes les familles politiques. De là, l’adhésion de nombreux républicains laïcs à son rôle de figure transitoire.
b) Appel constant à l’unité
Ses messages convergent : sans convergence et coopération, point de renversement. C’est l’antidote au narcissisme de l’opposition.
c) Refus de la vengeance
Face aux excès et aux furies, il promeut réconciliation nationale et justice transitionnelle. Bâtir l’Iran de demain sur la justice et non la revanche : c’est un capital moral précieux pour traverser les temps critiques.
d) Primat du référendum
Sa pierre angulaire politique : seul le peuple, par un scrutin libre et général, décidera de la forme du régime. Il ne cherche pas à imposer la monarchie ; il défend la souveraineté populaire.
a) Capital social
Nul, dans l’opposition, ne jouit d’une base aussi large. Les aînés voient en lui l’héritage de la stabilité ; la jeunesse, une voix de liberté et d’avenir.
b) Acceptabilité intérieure et extérieure
À l’intérieur, il inspire respect y compris hors du camp monarchiste ; à l’extérieur, il est la seule figure ayant su capter, dans une certaine mesure, l’attention médiatique et politique occidentale.
c) Délestage idéologique
Il ne porte aucun fardeau d’idéologies déchues. Laïque, libéral, pragmatique, il s’en remet à la démocratie et à la décision populaire.
d) Rôle symbolique et historique
Il n’est pas un simple militant, mais un signe de l’histoire. Dans les périodes de passage, les nations ont besoin de tels signes.
« Pourquoi l’avenir devrait-il se lier à un individu ? » — Parce que son rôle n’est pas d’être l’« issue », mais de garantir la traversée : une fonction temporaire, symbolique, au service d’un référendum libre.
« Il vit à l’étranger, il ignore les souffrances » — Argument fragile. Nul n’a, aussi constamment, porté la cause de la liberté de l’Iran que lui, en payant des coûts personnels et en refusant l’ivresse du chef perpétuel.
En une formule : Reza Pahlavi est un pont — entre passé et avenir, tradition et modernité, dispersion et unité. Non l’aboutissement, mais le départ. Non l’arbitre du régime à venir, mais le garant du choix populaire. En ce sens, il s’impose comme l’unique alternative crédible pour la période de transition : légitimité historique, acceptabilité sociale, engagement démocratique.
Nulle révolution ne se dresse pour le seul renversement d’un régime. La chute — fût-elle décisive et nécessaire — n’est qu’un commencement. Le but ultime est de bâtir un avenir neuf : un avenir où la liberté, la justice, la sécurité et l’essor remplacent la tyrannie, la discrimination, la misère et la ruine. Pour le peuple iranien, prisonnier depuis plus de quatre décennies de la plus sombre des dictatures religieuses, l’après-transition hors de la République islamique revêt une importance vitale.
Cet avenir n’adviendra que s’il se construit sur les principes de la démocratie, de la volonté nationale et de la coexistence politique. À défaut, le risque de reproduire la tyrannie sous un costume neuf restera permanent. Voici les composantes majeures de cet avenir.
Le premier geste, fondateur, de l’après-République islamique doit être l’organisation d’un référendum libre et national pour déterminer la forme du régime. Ce référendum ne saurait être une formalité ; il doit incarner l’apothéose de la volonté populaire — l’instant où, pour la première fois depuis plus de quarante ans, les Iraniens décident librement de leur destin.
Le scrutin devra se tenir sous l’égide d’organismes indépendants, internes et internationaux, de sorte qu’aucun soupçon de fraude ni de contrainte ne l’entache. Tous les citoyens, sans considération de religion, d’ethnie, de genre ou d’orientation politique, devront pouvoir voter librement.
Les options mises au vote pourront inclure une république démocratique, une monarchie constitutionnelle ou d’autres formes de gouvernement. Le point cardinal demeure : nul — personne, parti, courant — n’a le droit d’imposer par avance l’issue. Seul le peuple iranien est le propriétaire du choix.
La démocratie ne s’enracine que si toutes les familles d’idées peuvent concourir à armes égales. L’Iran de demain devra s’y tenir :
Gauches et droites, monarchistes et républicains, nationalistes et libéraux : tous doivent pouvoir fonder des partis, publier des journaux, et se présenter aux élections.
Aucune idéologie ne saurait être proclamée supérieure, et nul ne doit être exclu pour ses croyances politiques — sauf s’il prône explicitement la violence et l’abolition de la démocratie.
C’est la condition d’en finir avec l’exclusivisme intellectuel qui a longtemps paralysé la politique iranienne. L’avenir du pays doit appartenir à tous — ni à un seul parti, ni à une seule doctrine.
Après le référendum, la seconde étape structurante sera l’élection d’un parlement au suffrage libre, conforme aux standards internationaux :
Commission électorale indépendante ;
Liberté des médias et de la presse ;
Transparence financière des partis ;
Possibilité d’observation par des contrôleurs nationaux et étrangers.
Le parlement à venir devra être le reflet véritable de la volonté populaire, et non un prolongement d’un pouvoir appointé. À cette condition seulement, la transition vers la démocratie pourra durer.
Peut-être l’énoncé le plus décisif pour l’avenir :
L’Iran appartient à tous les Iraniens.
Non pas seulement aux musulmans, mais aussi aux zoroastriens, chrétiens, juifs, baha’is et non-croyants.
Non pas seulement aux Persans, mais aux Kurdes, Azéris, Baloutches, Arabes, Turkmènes et à toutes les autres composantes du pays.
Non pas seulement aux hommes, mais aux femmes, aux jeunes et aux minorités sexuelles.
La République islamique, par ses politiques idéologiques et discriminatoires, a tenté de morceler la société. L’avenir devra procéder inversement : toutes les communautés doivent se savoir copropriétaires de l’Iran. C’est la seule voie pour retisser la cohésion nationale.
L’un des défis de l’après-transition sera celui de la justice transitionnelle : comment traiter les crimes et les agents de la répression sans faire basculer la nation dans le cycle de la vengeance ?
La réponse tient à un dispositif clair et équitable, distinguant les « criminels principaux » des « exécutants contraints ». Des procès justes devront avoir lieu ; les auteurs de torture, de meurtres et de corruption devront répondre de leurs actes. Mais, parallèlement, un espace de pardon et de retour à la communauté devra exister, afin que les millions d’Iraniens qui, par nécessité, ont travaillé dans la structure du régime puissent vivre dans l’Iran libre.
Le prince Reza Pahlavi l’a souvent répété : l’Iran de demain doit être fondé sur la justice et le pardon, non sur la vengeance. C’est la garantie de la stabilité et l’antidote à la guerre civile.
Sans reconstruction économique et institutionnelle, la transition politique ne tient pas. La République islamique a transformé l’économie en casino pour les mafias des Gardiens de la Révolution et du « Bureau du Guide ». L’avenir exige :
Des privatisations transparentes, la fin des monopoles étatiques ;
Une lutte résolue contre la corruption et des organes de contrôle indépendants ;
Le retour des capitaux en fuite ;
La normalisation des relations internationales pour attirer l’investissement.
De concert, les institutions clés — justice, médias publics, forces armées — devront être refondées pour cesser d’être des instruments d’oppression et redevenir des services du peuple.
Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » a révélé que l’avenir ne se fera pas sans la place centrale des femmes et de la jeunesse. L’Iran libre devra assurer aux femmes l’égalité des droits en tout domaine — droit de la famille, vie politique, économie.
La jeunesse, grande victime du régime, devra tenir le premier rôle dans la reconstruction : qu’elle trouve l’espace d’employer son énergie, sa créativité, ses aspirations au service de l’édification d’un Iran nouveau.
L’Iran de demain ne saurait demeurer isolé ni se livrer aux aventures idéologiques. La politique étrangère devra s’ancrer dans l’intérêt national et la paix régionale. Que l’Iran redevienne un pays qui exporte culture, science et technologie — non la terreur et des supplétifs armés.
L’après-transition n’est pas un rêve inaccessible : c’est une nécessité historique.
L’Iran d’aujourd’hui ressemble à un malade que des décennies d’autoritarisme et de mensonge ont laissé en proie à la fièvre et au délire. La République islamique, machine d’ignorance et de répression, a meurtri l’âme du peuple et ne laisse derrière elle que ruine, corruption et avilissement. Ce pays, jadis foyer de culture et de civilisation, a été livré, sous le joug du cléricalisme, à l’ombre d’une prison immense où liberté, joie, amour et espérance sont proscrites.
Mais cette nuit n’est pas éternelle. Nulle tyrannie ne dure, nul peuple ne reste à jamais en fers. Le cœur de l’Iran bat encore ; le sang de la liberté court dans les veines de sa jeunesse ; et le cri « Femme, Vie, Liberté » — tel un appel immémorial — promet la délivrance. La question n’est plus de savoir si la République islamique tombera, mais comment, et sous l’impulsion de quelle force, l’Iran atteindra l’aube de sa liberté.
Nous l’avons vu : malgré les sacrifices, l’opposition n’a pas su devenir une force unifiée. L’exil dispersé, les divergences idéologiques, l’égocentrisme politique et les infiltrations du régime ont empêché l’émergence d’une alternative nationale crédible. Une partie de la gauche demeure captive du passé ; les républicains s’empêtrent en querelles ; certains groupes ethniques s’égarent parfois dans les slogans séparatistes ; et jusque chez les monarchistes, des faux opposants forgent une image outrancière et caricaturale qui sert la propagande du pouvoir.
Pourtant, au milieu du tumulte, une évidence s’impose : le prince Reza Pahlavi est la seule figure capable d’incarner la transition. Non en « roi prêt à régner », mais en pont vers la démocratie, il peut rassembler les forces éparses. L’héritage pahlavi lui confère une légitimité historique ; ses qualités — transversalité, appel à l’unité, refus de la vengeance, primat du référendum — le distinguent. Il bénéficie d’une acceptation relative chez les aînés comme chez les jeunes, à l’intérieur du pays comme à l’étranger.
Le prince n’est pas le terme, il est la voie. Il est l’instrument et le symbole, non l’imposition d’un maître. Le but, tel qu’il l’a redit, est un référendum libre et national, par lequel le peuple décidera de la forme du régime. Voilà le socle de toute démocratie, l’unique garantie d’une liberté durable.
L’avenir de l’Iran après la transition doit reposer sur cinq colonnes :
Un référendum libre pour déterminer la forme du gouvernement ;
Un espace politique ouvert à tous — gauches, droites, centre ;
Des élections législatives transparentes ;
Une justice transitionnelle conjuguée à la réconciliation nationale ;
Et le principe cardinal : l’Iran appartient à tous les Iraniens.
Dans ce cadre seulement, l’Iran pourra être sauvé de la dévastation et redevenir un pays libre, prospère et fier.
Aujourd’hui plus que jamais, l’opposition se tient devant un choix historique :
— ou bien s’enliser encore dans l’égocentrisme et la division, et perdre l’occasion d’or de la délivrance ;
— ou bien se rassembler autour d’un symbole national — le prince Reza Pahlavi — et conduire le peuple vers la liberté.
L’Histoire n’attendra pas. L’Iran ne peut plus supporter le joug clérical. Si l’opposition ne s’unit pas, les chances s’évanouiront et le lendemain du pays s’embrumera de risques de délitement. Mais si l’union se fait, la République islamique cessera d’être un destin inéluctable pour redevenir un cauchemar à son terme.
L’heure est venue pour tous les Iraniens — monarchistes et républicains, gauches et droites, Persans, Kurdes, Baloutches, Azéris — d’unir leurs mains et de prêter serment autour d’un même principe : un Iran libre, démocratique et laïque.
Le prince Reza Pahlavi peut guider cette traversée — non en souverain, mais en symbole. Ensuite, ce sera au peuple, par un scrutin libre, d’écrire son destin.
La République islamique ne lègue que la ruine. Mais l’Iran, malgré ses blessures, demeure vivant. L’avenir de cette terre est entre les mains de ses enfants. Si nous le voulons, et si nous nous unissons, cet avenir sera nôtre : un Iran libre, prospère, laïque et démocratique — un Iran pour tous les Iraniens.
Ehsan Tarinia – Luxembourg
Écrit le 29 août 2025