La torpeur du lièvre européen face au renard atomique de la République islamique

L’Europe, face à la République islamique, ressemble à un voyageur qui tient en main le billet d’un mauvais train, mais qui, au lieu de descendre, feint d’avoir choisi la bonne destination. Depuis quatre décennies, des responsables européens, les yeux fermés et le cœur tremblant, ont conféré une légitimité à l’une des dictatures les plus dangereuses de notre époque. Ils ont eu, maintes fois, l’occasion de regarder le visage véritable de ce régime : un pouvoir bâti, à l’intérieur, sur le sang et la torture, et qui, au dehors, respire par le terrorisme et la menace. Mais chaque fois, au lieu de s’éveiller, ils ont détourné le regard et se sont enfoncés dans leur torpeur de lièvre.

Dès ses premiers jours, la République islamique a lancé un projet à vocation mondiale : l’exportation de la révolution. Slogan qui pouvait sembler creux à l’origine, mais qui, aujourd’hui, s’est mué en cauchemar bien réel en Irak, au Liban, au Yémen et en Syrie. Ce régime, qui parle la langue de la menace et achète le temps par l’artifice des négociations, s’approche d’une ligne rouge capable d’altérer le destin du monde : la bombe atomique. Et l’Europe, par naïveté et par crainte de l’affrontement, demeure, face à cette réalité mortifère, occupée à ses jeux diplomatiques.

L’Europe s’est souvent proclamée gardienne des droits humains, de la liberté et de la paix. Mais comment croire un continent qui se tait devant la répression sanglante du peuple iranien, devant la pendaison de jeunes dans les rues, devant la prise d’otages de binationaux ? Comment croire qu’il demeure fidèle aux principes dont il se targue ? Ce silence n’est rien d’autre qu’une trahison à l’endroit même de ces valeurs.

Aujourd’hui, la question ne concerne pas seulement l’Iran. C’est la sécurité mondiale qui est en jeu. L’accès de la République islamique à la bombe atomique signifie l’armement d’une dictature religieuse avec une arme capable de prendre le monde entier en otage. Ce jour-là, aucune table de négociation n’aura plus de sens, aucun communiqué n’aura la force de retenir le régime. Aujourd’hui, il reste encore un peu de temps ; demain, il sera peut-être bien trop tard.

Une diplomatie de diversion et de ruse

Pour la République islamique, la diplomatie n’est pas un pont vers la paix, mais un autre champ de bataille : une guerre silencieuse, plus dangereuse que bien des conflits ouverts. À Téhéran, la table des négociations tient lieu de tranchée où, à force de sourires et de mots, l’on achète du temps. Chaque fois que la pression s’accroît, le régime reparaît avec de nouvelles promesses : un jour il parle de « suspension de l’enrichissement », un autre de « retour au JCPOA », puis d’« coopération » avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. En coulisses pourtant, les centrifugeuses ne cessent de tourner, les missiles d’être testés, et les projets secrets d’avancer dans des abris souterrains.

L’Europe a vu ce jeu se rejouer à l’infini et garde pourtant foi en un miracle chimérique. Des responsables, pleins d’une crédulité obstinée, s’imaginent qu’avec quelques avantages économiques ou des cycles supplémentaires de pourparlers, ils feront entrer le régime dans la voie de « la modération ». La réalité est tout autre : la République islamique n’a jamais été, et ne sera jamais, un partenaire fiable. Elle n’accepte de négocier que sous la contrainte et, dès qu’elle respire, piétine ses engagements.

Ce cycle, des années 1990 à aujourd’hui, n’a pas varié. À chaque étape, l’Europe s’est enorgueillie de « progrès diplomatiques », tandis que Téhéran poursuivait sans relâche sa trajectoire nucléaire. L’exemple le plus clair reste l’accord de Vienne : un texte censé apporter la paix, qui a, en pratique, reversé des milliards de dollars dans les caisses des Gardiens de la révolution et des réseaux de terreur régionaux. Quel fut le bilan ? Ni la liberté pour les Iraniens, ni davantage de sécurité au Proche-Orient ; seul le régime a gagné en audace et en arrogance.

Dans la logique de la République islamique, la négociation est un expédient, non une solution : un instrument pour acheter le temps nécessaire à atteindre le point où la négociation devient superflue — le point de la bombe. C’est précisément ce que l’Europe refuse de voir. Elle se berce de communiqués inoffensifs, répète les mots « engagement » et « opportunité », tandis que Téhéran se rapproche, jour après jour, de son but.

Si l’Europe veut ouvrir les yeux, elle doit admettre une vérité simple : la République islamique ne comprend que le langage de la force. Chaque concession qu’elle a obtenue est le fruit de la faiblesse occidentale, non la marque d’une bonne foi retrouvée. Tant que cette faiblesse perdurera, la ruse dilatoire continuera.

La propagande du régime et la peur européenne des étiquettes

Aussi impitoyable qu’elle est dans la répression interne, la République islamique excelle, sur la scène internationale, en propagande. En quatre décennies, sa machine a façonné une image à deux faces : d’un côté, la « victime du colonialisme et de l’islamophobie occidentale » ; de l’autre, la « puissance régionale sans laquelle l’ordre du Proche-Orient s’effondrerait ». Ces deux masques sont ses outils privilégiés pour abuser les responsables européens.

À chaque fois que l’on évoque des pressions effectives ou des sanctions réellement opérantes, la machinerie de Téhéran se met en branle : relais médiatiques et lobbies affiliés en Europe invoquent aussitôt « l’hostilité à l’islam », « l’ingérence occidentale », « la souffrance du peuple iranien ». Et l’Europe, plus effrayée qu’à son tour par la perspective d’être stigmatisée, se retire. Ainsi, un régime qui pend ses citoyens pour avoir protesté se mue, aux yeux d’une partie de l’opinion occidentale, en « victime ».

Ce renversement du réel n’a pu s’installer qu’au prix d’investissements massifs dans des réseaux d’influence : universités, think tanks, centres culturels, médias locaux. La République islamique a dépensé sans compter pour étouffer la voix de la véritable opposition iranienne et imposer son récit. L’Europe s’est, à maintes reprises, prise dans les filets de ces lobbies, figures présentables au langage feutré qui justifient, en sous-main, les politiques répressives de Téhéran.

Mais la vérité finit toujours par remonter. Dans les rues d’Iran, la foule a scandé : « Notre ennemi est ici. » Elle a montré qu’elle ne se laissait ni abuser par l’anti-impérialisme de pacotille, ni séduire par la phobie de l’Occident. Les Iraniens savent que le premier ennemi de la liberté et de la justice, chez eux, est le pouvoir qui pèse sur leurs épaules. Pourtant, leur voix n’a guère de place aux tables européennes. L’Europe prête plus volontiers l’oreille aux murmures enjôleurs des diplomates du régime qu’aux cris d’un peuple.

Cette faiblesse européenne produit un effet direct : chaque fois que le régime se voit acculé, il brandit la menace de « quitter la table » ou l’épouvantail de « l’instabilité régionale » et décroche un avantage. La République islamique a appris à faire de la peur morale et politique de l’Europe un bouclier pour sa survie. Et l’Europe, par son silence et ses reculs, légitime ce jeu.

Au milieu de tout cela, les Iraniens demeurent les premières victimes. Ils n’ont ni représentants à la table des négociations, ni place dans les grandes déclarations. Ce qui se trame à Bruxelles et à Vienne est une transaction entre puissances et dictature, non un dialogue pour la liberté d’un peuple.

Si l’Europe tient réellement aux valeurs qu’elle professe, elle doit rompre ce cercle : comprendre que le régime, par la propagande et la menace, ne fait que gagner du temps, et que chaque jour le rapproche de l’arme nucléaire ; comprendre aussi que, le jour où ce régime deviendra nucléaire, la sécurité du continent européen lui-même sera prise en otage.

Le programme nucléaire et balistique : une menace globale

Ce qui devrait réveiller l’Europe — et le monde — tient dans une évidence : la République islamique se trouve au seuil de la bombe. L’AIEA a, à plusieurs reprises, signalé que les niveaux d’enrichissement atteints frôlent ceux de la fabrication militaire. Cela signifie que chaque retard de réaction rapproche d’un cauchemar susceptible de surprendre la planète.

Le nucléaire n’est toutefois qu’une face du problème. En parallèle, Téhéran a constitué un arsenal considérable de missiles balistiques et de croisière. Non des armes défensives, mais des instruments de menace et de chantage régionaux. Ces vecteurs peuvent frapper Riyad, Tel-Aviv, Ankara et, demain, des capitales européennes. Quand cet arsenal se mariera à l’atome, la menace ne sera plus régionale, mais globale.

Face à cela, l’Europe, plutôt que d’agir, s’absorbe dans la paperasserie diplomatique : longues sessions à Bruxelles et à Vienne, communiqués au vocabulaire creux sur « l’avancée des pourparlers » ou « les opportunités d’engagement ». Pendant ce temps, les centrifugeuses tournent nuit et jour.

La bombe, pour ce régime, ouvrirait l’ère d’une prise d’otage mondiale. Aujourd’hui, Téhéran séquestre des binationaux pour quelques milliards ou la levée partielle de sanctions ; demain, que fera-t-il avec l’atome ? Croire qu’il ne menacerait pas d’anéantir un pays pour obtenir son dû, c’est faire insulte à l’expérience de ces quarante ans. L’histoire du régime parle d’elle-même : il n’a jamais renoncé au chantage quand l’occasion se présentait.

Cette progression nucléaire et balistique ne menace pas seulement le Proche-Orient ; elle ébranle l’ordre international. Si l’Europe ferme les yeux aujourd’hui, elle sera la première, demain, à essuyer les menaces atomiques. La République islamique a démontré qu’elle n’honore aucun engagement : de même qu’elle a foulé aux pieds l’accord de Vienne, elle violera tout autre texte. Son objectif est unique : la bombe. Toute négociation, tout sourire, toute poignée de main ne sert qu’à acheter du temps.

L’Europe doit admettre : l’apaisement sans fin n’a pas dompté le régime — il l’a enhardi. La question n’est plus de savoir si la République islamique veut la bombe, mais quand elle l’obtiendra, à moins qu’une action réelle n’intervienne.

La prise d’otages : l’arme silencieuse de la République islamique

À côté du terrorisme et de la propagande, l’un des instruments les plus sordides du régime pour se maintenir est la prise d’otages. Depuis quarante ans, il traite la vie et la liberté comme des marchandises de négociation. Binationaux, opposants exilés, familles d’adversaires, voyageurs, jusqu’à de simples touristes : tous, à un moment, ont été des pions pour extorquer des concessions aux États occidentaux.

Le procédé ne s’arrête pas aux frontières iraniennes : il s’exporte par le truchement des supplétifs régionaux — Hezbollah au Liban, Houthis au Yémen, Hamas à Gaza. Les otages enlevés lors de l’attaque du Hamas contre Israël en sont un exemple éclatant : derrière ces enlèvements, on retrouve la matrice de Téhéran, qui a fait de la prise d’otages une doctrine.

L’Europe sait que ses propres citoyens ont été, maintes fois, victimes de cette politique. Chercheurs, voyageurs, Iraniens établis sur le continent et retournés au pays : autant de cibles, autant d’instruments pour obtenir levées de sanctions ou libérations d’agents. Pourtant, la réponse européenne a trop souvent oscillé entre silence et accommodement. Chaque concession a rendu le régime plus téméraire et a étendu la pratique.

Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’une stratégie de survie organisée. Dans un monde de diplomates prudents et de politiques pusillanimes, la prise d’otages est, pour Téhéran, un moyen peu coûteux et très rentable : elle offre du temps et des dividendes. Le monde libre, par sa réserve, en a presque légitimé le commerce honteux.

Le message est clair : un pouvoir qui « négocie » avec des vies humaines n’est jamais digne de confiance. De même qu’aujourd’hui des Israéliens demeurent prisonniers de la milice protégée par Téhéran, demain davantage d’Européens et d’Américains tomberont dans ce piège — à moins qu’on n’y mette fin. Tant que ce cycle perdure, la « négociation » n’est qu’un mot vain.

La guerre de douze jours : l’épreuve de vérité

Au milieu des mascarades diplomatiques et des promesses creuses, la guerre de douze jours entre Israël et la République islamique a servi de révélateur. Ce combat bref, mais décisif, a dissipé l’illusion : tout le vacarme propagandiste du régime se brise sur le roc d’une riposte réelle.

Sur la base de renseignements précis et de frappes ciblées, Israël a paralysé des infrastructures vitales. Des réseaux de missiles, bâtis des années durant grâce aux devises libérées par les allègements de sanctions, ont été visés. Des commandants de terrain, laborieusement promus par Téhéran, ont été éliminés. Plus encore, un message limpide a été envoyé : si vos menaces se concrétisent, la réponse sera immédiate et écrasante.

Dans cette séquence, les États-Unis ont appuyé Israël, politiquement et par le renseignement, rappelant une règle que l’Europe n’a pas retenue : les régimes comme la République islamique ne comprennent que la force. Malgré son vacarme médiatique, Téhéran n’a pu infléchir la réalité du champ de bataille. Le renard dissimulé derrière le masque de la diplomatie s’est révélé singulièrement fragile sous le coup direct.

Cette guerre, brève, enseigne trois choses : d’abord, que la République islamique, malgré ses rodomontades, ne tient pas sous pression véritable ; ensuite, qu’à chaque fois qu’elle est confrontée à une puissance ferme, elle recule ; enfin, que l’Europe, avec ses palabres, n’a pas compris que seule la détermination — nette, sans faiblesse — peut la contenir.

Si l’Europe veut conjurer un avenir sombre, qu’elle prenne exemple : aucun communiqué, aucune négociation, aucun sourire protocolaire n’arrêtera ce régime. Tant qu’il perçoit la faiblesse, il s’enhardit ; face à la force, son grondement se tait.

Les Iraniens le savent d’expérience. À chaque flambée de protestation, le régime écrase. Mais sitôt que plane sur lui une menace extérieure grave ou un rapport de force défavorable, son ton se module et il s’empresse de parler « dialogue ». La seule dissuasion, ici, est la puissance — non la diplomatie, non les mots, non l’espoir d’une réforme interne.

Le peuple iranien et la nécessité d’un sursaut mondial

Au cœur de ces calculs et de ces menaces, n’oublions pas les véritables sacrifiés : les Iraniens. Depuis quarante ans, ils suffoquent sous la pauvreté, la corruption et la répression. Leurs jeunes sont fauchés dans les rues, leurs femmes jetées en prison pour un vêtement, leurs ouvriers fouettés pour une grève, leurs écrivains et journalistes oubliés dans les cellules, leurs enfants grandissant dans la misère et l’addiction.

Ce sont eux qui, d’innombrables fois, ont crié : « Ni Gaza, ni Liban, mon âme pour l’Iran. » Ils ne se laissent plus abuser par la propagande du régime. Ils savent que leur malheur ne vient ni de l’Occident ni d’un « colonialisme » fantasmé, mais du pouvoir qui, au nom de la religion et de la révolution, a ruiné leur pays. Or, leur voix n’est pas invitée à Vienne ni à Bruxelles. Tout s’y décide entre diplomates occidentaux et agents du régime, comme si le peuple n’existait pas.

Par cette indifférence, l’Europe trahit non seulement les Iraniens, mais aussi son propre avenir. Car si la République islamique se dote du nucléaire, ses premières menaces viseront le continent. Un régime qui, aujourd’hui, prend des Européens en otage pour des milliards, demain, doté de la bombe, menacera leurs capitales. Voilà une réalité qui ne se dissipe pas par des rêves.

Sauver l’Iran des griffes de la République islamique n’est pas seulement un devoir moral ; c’est une nécessité stratégique pour la sécurité mondiale. De même que la lutte contre le nazisme déborda l’Allemagne et rassembla le monde, la lutte contre la République islamique doit devenir un projet international. Les Iraniens sont prêts — ils ont payé de leur vie, et n’ont jamais renoncé. Mais sans soutien réel, ce combat risque de s’épuiser.

Si l’Europe croit encore à la liberté et aux droits humains, qu’elle cesse de marchander avec le tyran et se place aux côtés du peuple d’Iran. Qu’elle use d’outils efficaces — sanctions accablantes, isolement politique, et, au besoin, menace d’emploi de la force. Qu’elle comprenne que l’apaisement désespère les Iraniens et finira par la livrer, elle aussi, en otage.

L’heure est au choix : se tenir avec la nation iranienne et les valeurs humaines, ou persister dans la torpeur et regarder une dictature religieuse s’armer de l’atome. L’Histoire ne dispense personne de son jugement. De même que la politique de Munich en 1938 mena au désastre, la complaisance envers la République islamique portera un cauchemar planétaire.

La République islamique est un renard madré, tapi derrière le masque de la diplomatie, mais en train d’aiguiser ses crocs nucléaires. Si le monde libre ne l’affronte pas aujourd’hui, demain il sera trop tard. Libérer l’Iran de ce cauchemar n’est pas seulement l’affaire des Iraniens ; c’est une responsabilité universelle. Seule l’union du peuple iranien, soutenue par la résolution de la communauté internationale, peut dissiper ces ténèbres. Et l’Europe, si elle croit encore aux principes qu’elle proclame, doit s’éveiller — dès aujourd’hui — de sa torpeur de lièvre.

Ehsan Trinia – Luxembourg
Écrit le 6 septembre 2025