La fracture parmi les opposants à la République islamique : défis, racines et voies de sortie


Alors que la République islamique, par la dictature, la répression et la mauvaise gouvernance, a attisé les crises sociales, économiques et politiques en Iran, ses opposants demeurent confrontés à des défis essentiels sur la voie de l’unité et de la solidarité. Le présent article, dans une approche impartiale et en soulignant l’importance du leadership du prince Reza Pahlavi comme symbole d’unité, examine les causes de ces fractures, leurs effets délétères, ainsi que des pistes constructives pour surmonter cette crise. L’affaire récente liée à la tombe de Gholamhossein Saedi sera également analysée en détail, en tant qu’exemple révélateur des dérives morales et des manœuvres de division fomentées par le régime en place à Téhéran.

L’accusation visant les monarchistes dans l’affaire Saedi

La récente diffusion d’une vidéo prétendant montrer une profanation de la tombe de Gholamhossein Saedi illustre le type d’actions conçues pour semer la discorde au sein des opposants à la République islamique.

La vidéo qualifiée d’« outrage à la tombe de Gholamhossein Saedi » s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux, certains imputant l’acte aux partisans de la monarchie. Or un examen plus attentif a révélé que :

  • De l’eau, non de l’urine, a été répandue : le son au début de la vidéo indique clairement qu’une bouteille d’eau percée (dans les premières secondes) a été utilisée pour verser le liquide sur la tombe.

  • Une mise en scène organisée : il s’agit très probablement d’une opération ourdie pour créer la division et affaiblir l’opposition.

L’irrespect à l’égard de la tombe de Gholamhossein Saedi, écrivain majeur, est un acte impardonnable et violemment condamnable. De telles pratiques ne constituent pas seulement une atteinte à la dignité d’un individu : elles sapent aussi les fondements moraux et les valeurs humaines.

Qu’elles émanent d’ignorants ou qu’elles relèvent de projets structurés de division, ces conduites témoignent d’une crise éthique dans la gestion des différends politiques. À l’heure où l’unité de l’opposition s’impose plus que jamais, tous les courants de pensée et de lutte doivent dénoncer sans ambiguïté de tels actes et refuser que les stratagèmes de discorde du régime atteignent leur but. Sauvegarder la stature culturelle et sociale des grandes figures de l’Iran, au-delà des divergences politiques, est un devoir éthique et national prioritaire.

L’impact de cette opération sur l’opposition

Cette action de sabotage a entraîné :

  • La défiance entre groupes : nombre d’opposants, au lieu d’examiner les faits, se sont mutuellement accusés.

  • L’affaiblissement du crédit moral de l’opposition : ce type d’actes met en cause l’autorité éthique du camp anti-régime.

De tels montages constituent des instruments que le pouvoir iranien exploite avec dextérité.

Diagnostic de la crise au sein de l’opposition

1. L’absence d’unité entre groupes adverses

L’opposition à la République islamique est plurielle par ses idéologies, ses objectifs et ses méthodes : monarchistes, républicains, fédéralistes, courants de gauche — chacun poursuit à sa manière le changement de régime.

  • Différends historiques : les antagonismes anciens, notamment entre la gauche et les monarchistes, plongent leurs racines dans les expériences douloureuses des décennies passées.

  • Priorités divergentes : certains mettent au premier plan les droits humains, d’autres focalisent leur action sur le renversement du régime et la mise en place immédiate d’une structure politique déterminée.

2. Le rôle des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont devenus essentiels pour l’organisation et l’information de l’opposition. Mais :

  • Division orchestrée : la diffusion de contenus fabriqués et de vidéos malveillantes, comme dans l’affaire de la tombe de Saedi, alimente la suspicion et les querelles intestines.

  • Absence de régulation : l’ouverture de ces espaces favorise les abus de personnes ou de groupes dépourvus d’éthique.

L’exigence de solidarité et la critique des comportements délétères

La place d’une autocritique constructive

En tant que partisan d’un rôle de transition du prince Reza Pahlavi hors de la République islamique, il importe de combattre fermement tout comportement contraire à l’éthique commis au nom des monarchistes. Ces actes sont inacceptables pour deux raisons :

  • Atteinte à la crédibilité du mouvement monarchique et constitutionnel : ils contredisent les valeurs précisées de longue date par le prince Reza Pahlavi — respect de la loi, éthique et démocratie.

  • Éloignement de l’objectif central : la finalité de l’opposition doit être la chute de la République islamique et la reconstruction du pays, non l’invective interne.

Dénoncer les pseudo-partisans

Faute d’une structuration solide chez les monarchistes, quiconque peut se prétendre leur représentant et commettre des actes nuisant à l’image du mouvement.

  • Identification et mise à l’écart : ces individus ou groupes doivent être repérés et exclus du courant principal.

  • Structuration : créer une organisation officielle et reconnue des partisans de la monarchie, coordonner et encadrer les actions, et adopter une charte éthique dont l’observation s’impose à tous.

Il ne s’agit pas seulement des monarchistes non organisés : chez certains groupes de gauche, on retrouve également des individus ou organisations qui, au nom de blessures anciennes, s’emploient à dénigrer d’autres courants de l’opposition. Si ces réactions s’expliquent par des expériences amères de l’époque révolutionnaire et postrévolutionnaire, elles affaiblissent aujourd’hui le mouvement d’ensemble. Tous les groupes, quelles que soient leurs origines idéologiques ou historiques, doivent accepter de reléguer les différends du passé et de se concentrer sur leurs points communs, afin d’ouvrir une voie efficace vers la démocratie.

Tirer des leçons des expériences démocratiques européennes

Monarchies constitutionnelles : l’unité dans la diversité

Plusieurs monarchies européennes — Royaume-Uni, Suède, Norvège, Danemark, Belgique, Luxembourg — ont démontré qu’un régime monarchique peut coexister avec des valeurs pleinement démocratiques.

  • Royaume-Uni : le monarque exerce un rôle symbolique ; de la gauche à la droite, les partis coopèrent dans le cadre du Parlement et de la Constitution.

  • Suède et Norvège : au-delà des clivages idéologiques, les partis savent, dans les crises, s’accorder au nom de l’intérêt national.

  • Luxembourg : malgré une diversité linguistique et culturelle, ce pays a édifié un ordre stable où toutes les formations, même divergentes, œuvrent ensemble pour le bien commun.

Républiques performantes

Des républiques comme l’Allemagne, la France et la Suisse offrent des enseignements précieux à l’opposition iranienne.

  • Allemagne : gouvernements de coalition — dont l’actuelle alliance SPD-Verts-FDP — preuve que des partis aux idéologies différentes peuvent gouverner ensemble. Leçon : coopérer pour l’intérêt national malgré les divergences.

  • France : régime semi-présidentiel ; les périodes de cohabitation ont montré la capacité à privilégier l’intérêt national.

  • Suisse : démocratie directe et gestion exemplaire du multiculturalisme ; malgré quatre langues officielles, une cohabitation réussie.

Feuilles de route pour unir l’opposition

1. Rehausser l’éthique politique

Tous les courants opposés au régime doivent faire du respect des principes éthiques un impératif non négociable. Les comportements injurieux et destructeurs doivent être condamnés sans exception.

2. Un leadership fédérateur

Le prince Reza Pahlavi, en tant que symbole d’unité, peut jouer un rôle clé de passerelle entre les différents groupes. Il a maintes fois rappelé l’importance de la démocratie et de la coopération — un repère utile pour les autres composantes. Il a répété que son rôle s’inscrit exclusivement dans la transition, afin de créer les conditions d’élections libres et démocratiques. Contrairement à certains leaders d’autres mouvements d’opposition — telle Maryam Radjavi, qui se présente comme « présidente élue » — il n’ambitionne aucun pouvoir personnel ni ne se projette au-delà de l’arbitrage du peuple. Il demeure convaincu que seuls les Iraniens, dans un processus libre et démocratique, doivent décider du type de régime et de leurs futurs dirigeants.

3. S’inspirer des modèles européens

L’opposition doit apprendre des démocraties européennes :

  • Respect de la pluralité des opinions ;

  • Acceptation de la coopération entre courants différents ;

  • Focalisation sur les objectifs communs, plutôt que sur des divergences secondaires.

Une différence majeure avec les partis européens tient à l’absence, chez l’opposition iranienne, d’une culture du compromis et de la coopération. Tandis que, sur le continent, des adversaires politiques s’allient pour l’intérêt public, l’opposition iranienne s’attarde trop souvent sur ses désaccords, au détriment de ses convergences.

Nulle victoire sans éthique

  • Éthique politique : respecter les opinions adverses, même en cas de désaccord, est signe de maturité.

  • Respect du passé : la diffamation et l’insulte envers des figures historiques, quelles que soient leurs positions, sont inacceptables.

Ehsan Tarinia – Luxembourg
Rédigé le 28 décembre 2024