Inscrit dans une mosquée européenne, il s’est donné pour mission de combattre seul l’infidélité. Ne manquant jamais la prière du vendredi, il y assiste vêtu de son uniforme rituel : une chemise blanche soigneusement glissée dans son pantalon, comme si ce geste suffisait à purifier la planète entière. Sa barbe taillée avec précision doit à la fois impressionner les croyants et terrifier les mécréants. Quant au regard porté sur les femmes, il prétend s’en abstenir — à condition qu’aucune ne croise son champ de vision, sans quoi son imagination s’emballe aussitôt en sept « exercices spirituels » pour compenser…
Mais ce n’est là que l’apparence. Le rêve ultime de Monsieur Untel est de bâtir un État islamique à travers toute l’Europe. Il souhaite épouser une femme qui n’aurait jamais croisé l’ombre d’un homme, une épouse dont le voile serait une forteresse et la foi une montagne infranchissable. Pour ses noces, pas de fête bruyante : seulement un chant religieux, assez puissant pour faire descendre les anges du ciel.
Son problème ? Le monde ne se plie pas à ses désirs. Pour lui, chaque femme sans voile est un instrument de Satan. Dans son imaginaire, les Européennes commencent leur journée en dressant un plan de péchés à accomplir.
Il aime passionnément le Coran — de loin. Il le lit sans le comprendre, car il ne s’en tient qu’à l’arabe et se repose sur les interprétations de l’imam. Et l’interprétation est simple : « Les infidèles doivent mourir. L’État islamique est la seule voie. Tout opposant est apostat et doit être exécuté. »
Son univers se divise en deux catégories : « les musulmans » et « les mécréants ». Toute personne qui ne rentre pas dans ces cases est simplement une anomalie. Sa solution universelle ? L’épée. Un adversaire ? L’épée. Une question ? L’épée. Même un éternuement suspect devient passible de la lame.
L’un des aspects les plus fascinants de sa vie est son amour inconditionnel pour son imam. Quand celui-ci parle, Monsieur Untel pleure comme si un prophète s’adressait à lui. Il est convaincu que son imam est relié directement à Dieu, et que toute voix dissidente est une voix ennemie du Très-Haut.
Cependant, sa vie ne se limite pas aux prières et aux guerres saintes. Habile gestionnaire, il sait profiter des avantages sociaux de ce qu’il appelle pourtant « la terre des infidèles ». Les allocations qu’il reçoit sont envoyées à ses « frères d’armes » au Moyen-Orient. La contradiction ? Aucun problème : quand le drapeau de l’islam flottera partout, tout sera justifié.
Ses ambitions sont vastes. « Quand le Moyen-Orient sera islamisé, dit-il, nous viendrons ici et convertirons ces infidèles. S’ils refusent, eh bien, nous avons l’épée ! » Il m’a même proposé d’intercéder personnellement pour mon salut si je promettais de me convertir. Quelle générosité !
Soyons sérieux un instant. Monsieur Untel et ses semblables constituent une minorité bruyante mais réduite. Avec peu de connaissances et des croyances étranges, ils s’imaginent pouvoir contrôler le monde. Le véritable problème est peut-être notre indifférence, qui leur laisse le champ libre.
Alors je vous le demande : que faire de mon ami Monsieur Untel et de cette petite tribu de têtes brûlées ? Leur permettra-t-on de transformer leur rêve délirant en réalité ? Ou est-il temps, pour nous aussi, de réfléchir et de mettre fin à notre indifférence ?
Écrit le 5 octobre 2007
Ehsan Tarinia – Luxembourg