Qu’on le veuille ou non, dans nos vies professionnelles ou personnelles, nous croisons régulièrement ce type d’individus. Et la plupart du temps, nous sommes condamnés à les supporter. Mais apprendre à gérer ces comportements est un art, une compétence qui s’acquiert au fil des années, parfois par pure expérience.
Alors que la psychiatrie et la psychologie disposent de critères cliniques pour diagnostiquer des troubles de la personnalité (borderline, antisociale, narcissique), peu de ressources pratiques nous apprennent à protéger notre esprit et notre équilibre dans nos interactions quotidiennes avec ces personnes.
Je propose ici une typologie simplifiée de ces « interlocuteurs irrationnels » :
Ceux avec qui il est impossible d’avoir une discussion logique, maîtres dans l’art de détourner le sujet, et qui finissent par vous accuser d’être le problème.
Ceux qui déforment systématiquement vos propos.
Ceux qui ne respectent aucune limite et prennent plaisir à marcher sur vos nerfs.
Ceux qui n’envisagent jamais votre point de vue et se montrent incapables d’empathie.
Ceux qui abusent de vous, verbalement ou émotionnellement.
Ceux qui manipulent la vérité ou mentent sans vergogne.
Ceux qui vous laissent, après chaque conversation, un goût amer, une humeur sombre, une impression d’échec.
Ceux qui vous rendent fou avec leur silence, leurs ricanements, leurs sous-entendus ou leur logique bancale.
Ceux qui se parent d’un masque d’innocence mais avancent masqués, poursuivant lentement leurs propres desseins au détriment des autres.
Face à eux, voici quelques stratégies — fruits de mon expérience — qui, bien que difficiles à appliquer en toutes circonstances, se révèlent utiles :
Limiter le contact : évitez-les autant que possible. Ce n’est pas la solution idéale, mais c’est la plus efficace. Refusez de jouer le rôle du martyr, trouvez un prétexte, changez de sujet, éloignez-vous.
Riposte subtile : face à une attaque insistante, détournez leur attention. L’erreur serait de chercher à les convaincre par des arguments logiques. Soyez astucieux : évoquez un souvenir désagréable pour eux, rappelez un échec passé ou une réussite d’un rival. Faites-le avec calme, de façon presque accidentelle.
Basculer vers l’émotionnel : certains ne sont pas foncièrement malveillants mais leur système de pensée est imperméable à la logique. Avec eux, passez du registre rationnel au registre affectif. Par exemple, au lieu de pointer une erreur professionnelle, soulignez leurs qualités, puis évoquez les conséquences négatives pour leur avenir ou leur famille. Ils ne comprendront pas vos arguments, mais ils retiendront l’émotion.
Économie d’énergie : parlez peu, parlez juste. Les longs débats passionnés ne font que vous épuiser. Moins vous en dites, moins vous devenez une cible.
Renoncer à convaincre : n’essayez pas de transformer un esprit irrationnel. Vous ne pouvez pas changer leur angle de vue. Inutile de « battre l’eau ».
Les confronter en public : en tête-à-tête, leurs absurdités peuvent vous accabler. Mais exposées devant un groupe, elles se transforment en faiblesse. Le soutien collectif vous protège et les réduit au silence.
Ces tactiques, que j’ai testées au fil de ma carrière, se sont révélées d’une grande efficacité. Peut-être avez-vous, vous aussi, vos propres expériences ou méthodes à partager.
Dans les terres arides et stériles, il arrive que s’épanouissent des fleurs introuvables ailleurs. De même, au cœur des déserts émotionnels, des expériences intérieures précieuses peuvent éclore. Cherchons-les, trouvons-les, et croyons en la richesse de nos propres ressources.
Écrit le 29 avril 2017
Ehsan Tarinia – Luxembourg